Une grande partie des spectateurs,
dont de nombreux jeunes venus semble-t-il spécialement pour
voir le film de Siegfried, poursuivent la soirée à l'Espace
Bras d'Or pour un cocktail. Siegfried est très entouré, notamment
par le jury du long. La plupart de ses membres n'ont d'ailleurs
pas grand chose à lui dire, conscients qu'ils n'appartiennent
pas tout à fait au même monde. Parcourir la planète pour approfondir
sa connaissance de l'humanité, comme le fait Siegfried, leur
est bien incompréhensible, eux qui ont l'air de mépriser tout
ce qui se trouve en dehors de Paris intra muros. Seul Serge
Riaboukine semble croire à ses compliments. Le talent de l'acteur
? Pas vraiment. Plutôt un amour des autres qu'il va démontrer
tout au long du festival en particulier avec les sans-grades,
tous ces jeunes acteurs ou réalisateurs présents à Aubagne
pour défendre leurs premiers essais cinématographiques. Au
passage, très vite, parce que son film parle plus que n'importe
quel discours, petite interview avec Siegfried. Où il transparaît
qu'il est beaucoup moins je m'en foutiste qu'il ne
voudrait le faire croire. Il dit par exemple ne pas avoir
rédigé de scénario, parce que l'écrit est un carcan dont il
veut s'affranchir. Mais au lieu de mettre en place son histoire
devant un écran d'ordinateur, il l'a fait sur une table de
montage pendant un an. La différence est minime, dans les
deux cas l'histoire a été pensée. Seul le mode d'écriture
diffère.
Retour à l'hôtel. Sans Sabrina ni Chrystelle parties s'installer
chez Charly. Les lâcheuses. Les grillons crissent dans la
nuit. À la télé, TF1 retransmet pour la troisième fois de
la journée l'émission quotidienne de la Star Academy. Au même
moment, Canal + rediffuse le film X du mois. Deux façons de
traiter l'humain comme un objet commercial. Faufilement dans
des draps tièdes. Endormissement rapide. Début d'un joli rêve
dans lequel Stéfano Cassetti joue dans un film de Siegfried.
Et bien sûr, ce film parle d'indépendance et de liberté.
Jeudi 9 octobre À s'en exploser la rétine
Deuxième matinée débutée à Aubagne.
De nouvelles têtes sont arrivées dans la cité provençale.
Laurence Darthoux est productrice. Elle dirige Tara Films,
structure qui a produit quelques courts métrages et un moyen.
Rencontrée dans la navette, alors qu'elle s'échappait d'un
autre hôtel, cette femme est d'une gentillesse rare. Elle
met à l'aise, vous regarde dans le blanc des yeux et vous
finissez par répondre à ces questions renversant la traditionnelle
division du travail entre journaliste patenté et interviewée
potentielle. Autre nouvelle tête : celle de Devrim Alpöge,
réalisateur d'origine turc dont le court-métrage Et le
corps fut... fut l'une des réussites repérées la veille.
Aussi intéressant que son film, il apporte sa dose d'humour
à une ambiance déjà très détendue.
Une petite troupe se constitue pour rassasier des estomacs
criant famine. Manon Ouelette, Alain Lynch et Laurence Darthoux
en font partie. Charly aussi qui redoute la projection en
début de soirée de Le Dernier des Immobiles, le premier
film de Nicola Sornaga qu'il apprécie particulièrement. Il
a peur que le public ne décroche au bout d'une première demi-heure
un peu difficile. Verdict dans une poignée d'heures. Pas le
temps de flâner dans les jolies ruelles de la vieille ville
d'Aubagne. À 14 heures, la sélection va en effet se poursuivre
avec l'avant-première de Paule und Julia, long-métrage
allemand de Torsten Loehn. Le frère du réalisateur prénommé
Lars – “ nos parents adorent les prénoms scandinaves
! ” - est présent à Aubagne, lui qui a composé la
musique du film de son frangin. Très sympathique, ce jeune
Berlinois s'extasiera pendant quatre jours du soleil méridional,
habitué qu'il est à la grisaille germanique !