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Samedi 11 octobre
Musique d'opéra, sons de cinéma

  Kiss of life  (c) D.R.
Dernière ligne droite. La journée commence doucement. Le temps n'est pas au beau, et cela joue sur le moral. Le film qui va suivre - Kiss of life - ne va pas améliorer l'ambiance. Co-production croate-bosniaque-britannique, réalisé par Emily Young, interprété notamment par Peter Mullan, ce long-métrage est d'une lenteur et d'une noirceur qui donnent plus envie de prendre ses jambes à son cou que d'accompagner les personnages dans leur noyade mortifère. Espérant rompre avec l'ambiance dépressive latente, direction le Comœdia pour  le dernier programme de courts métrages. Malheureusement, un chevauchement événementiel va empêcher votre narrateur de visionner la sélection dans son entier. Ne possédant pas encore le don d'ubiquité, il est en effet difficile de regarder les courts tout en assistant à la conférence de Michel Sineux, ancien critique de la revue Positif, sur les rapports entre musique et cinéma.

Au bout de trois courts métrages, dont un film d'animation suisse intitulé Gefangen qui fait terriblement penser à l'univers de Pixar, départ pour la médiathèque. À la sortie de la salle, l'actrice Sarah-Laure Estragnat regarde par une petite lucarne ce qui se passe dans la salle. Le film dans lequel elle joue doit être projeté dans les minutes qui suivent. Et même si cette jolie jeune femme doit se rendre à un important rendez-vous professionnel - elle pourrait décrocher un rôle -, elle est quand même curieuse de voir la réaction du public par rapport à son travail. La médiathèque ne se situe pas dans le même quartier de la ville arpenté auparavant. Elle est installée sur la colline qui surplombe la ville. Sur le chemin, rencontre avec le photographe de la ville qui va servir de poisson pilote. Il maîtrise parfaitement la géographie des lieux. Il explique que la colline menaçant de s'effondrer sur les maisons en contrebas, un grand chantier a été mis en place bétonnant le flanc friable pour en faire un immense parking. Peut-être efficace, mais pas très esthétique.

Festival d'Aubagne (c) D.R.
La conférence en elle-même est plutôt intéressante. Bien que comme Michel Sineux le rappelle en introduction, il est difficile d'être complet en un peu plus d'une heure sur une relation musique-cinéma qui remonte à la génèse du Septième Art. En effet, dès 1895, les films étaient accompagnés au piano lors de leur projection. Néanmoins, le critique à la retraite s'en sort avec les honneurs. À l'aide d'extraits de films, il explicite les différences d'utilisation de la musique suivant les réalisateurs, “ suivant qu'ils soient des metteurs en scène plastiques comme Fellini ou bien dynamiques comme Sautet ou Boorman ”. Il distingue trois usages de la musique au cinéma : la musique de scène quand un acteur se fait un temps chanteur, la musique de coulisse quand des personnages palabrent avec un ensemble musical jouant en arrière-plan ou en hors champ, et la musique d'orchestre qui n'a pas raison effective d'exister à l'image si ce n'est comme musique de fond. Bref, tout comme à l'opéra.

Michel Sineux aborde ensuite l'évolution de la musique de cinéma, qui est passée au cours du siècle d'une forme ampoulée exagérant les émotions jouées à l’écran à des thèmes plus lâches tenant plutôt du complément informatif que du surlignage sonore. En résumé, cette conférence a parfaitement sa place dans un festival qui a l'ambition de devenir un lieu de rencontre entre le cinéma et la musique. N'en déplaise à certains esprits chagrins. En particulier, à une partie du jury long-métrage. Arrivés en fond de salle en faisant pas mal de bruit, s’étant ensuite placés au deuxième rang, ces very important personnes n’ont écouté la conférence que quelques minutes. Au bout d’un gros quart d’heure, un membre du jury s’est en effet levé, s’est adressé à Michel Sineux lui disant qu’ « ils ne pouvaient rester plus longtemps faute de temps » et se s’est retiré en compagnie d’une de ses collègues. Pourquoi raconter cet épisode pas très spectaculaire ? Simplement pour souligner combien dans le milieu du cinéma certains oublient les plus élémentaires règles de politesse, obsédés qu’ils sont par leur nombril.