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Kon Satoshi (c) D.R.

Le deuxième point fort de ce festival était la projection des trois longs métrages de Kon Satoshi : Perfect Blue (1998), Millenium Actress, inédit en France (2001) et son dernier long métrage Tokyo Godfathers, un hommage au film de John Ford Three Godfathers (1948) qui nous plonge dans une facette du Japon moderne encore méconnue : celle des communautés immigrés et des laissés pour compte.

Premier long métrage de Satoshi Kon, Perfect Blue appartient à la veine réaliste prisée par de nouveaux auteurs, davantage réalisateurs que dessinateurs. Il ouvre une deuxième voie au côté de la science-fiction classique comme Ghost in the shell, et du merveilleux, initié par Miyazaki. Un thriller psychologique violent doté d’une mise en scène très travaillée au naturalisme revendiqué et d’un scénario volontairement troublant qui ne cesse d’entretenir les fausses pistes.

Est-ce finalement un film dans le film auquel nous assistons, et toute cette histoire n'est-elle rien d'autre que des instants du tournage auquel participe notre jeune actrice ? Les faux-semblants nous tirent par la main, et quand on se persuade que la solution est sous nos yeux, les pièces du puzzle se dispersent pour s'imbriquer d'une nouvelle façon. Une confusion subtile entre réalité et spectacle que l’on retrouve dans son second opus Millenium Actress.

  Millenium Actress (c) D.R.

Mais dans ce film, le cinéaste approfondit les questions de réalité/fiction, car il lance des dizaines de petits détails qui permettent au spectateur de relier les événements et de ne pas être perdu, sans pour autant leur donner « la clé ». La fin reste ouverte, parce qu'elle interroge le pouvoir des films, leur pouvoir de nous parler de nous, de nos propres vies et questionne à nouveau le spectateur sur le rapport du cinéma au réel.

Un as de la manipulation qui a su transposer dans l’univers de l’anime japonais toute la complexité d’un scénario à la David Lynch. Et pour compléter ces trois longs métrages, le festival présentait Magnetic Rose, le premier sketch de
Memories, de Otomo Katsuhiro pour lequel Kon Satoshi a réalisé les décors et a travaillé à l’écriture du scénario.

Le festival présentait aussi une invitation à Yamamura Koji. Une rétrospective de ses courts métrages était présentée, parmi lesquels on retiendra la série des burlesques oiseaux Karo et Piyobupt avec un travail remarquable sur le son (surtout pour une série destinée aux enfants) et Le Mont Chef qui a décroché le prix du Court métrage à Annecy cette année. Yamamura Koji s’impose depuis dix ans comme la figure incontournable d’une animation japonaise indépendante ouverte aux œuvres du monde entier et qui reste dans l’esprit de la production d’auteur internationale.