Voilà ainsi ce que répond Anne Ludovik
quand on lui demande par quoi devrait commencer quelqu'un qui
souhaiterait se lancer dans une carrière dans le doublage :
- Il faut être comédien, avoir une base. Je pense sincèrement
que l'on voit tout de suite un comédien qui n'a jamais fait
de scène et un qui en a fait, un vrai comédien dont c'est réellement
le métier. Et ensuite, on passe au doublage, ce qui nous permet
d'interpréter très rapidement quelque chose qu'on présente à
la seconde même, et surtout de prendre la respiration de l'autre
qui aura sa propre respiration, son propre jeu. Mais il faut
que je sache jouer, moi, avant pour pouvoir bien interpréter
l'autre.
Jean Claude Sachot défend également avec force son métier de
comédien :
- La première erreur elle
est là, sur mon badge: il est écrit " comédien de doublage
". Nous on n'aime pas beaucoup. Il s'agit de comédien
avant tout et le doublage est un secteur qui a été longtemps
un secteur un peu décrié, ignoré du métier. A certains titres
c'était sûrement vrai à une certaine époque où la chose se
faisait d'une manière moins artistique que maintenant. Le
doublage est devenu une véritable discipline de haut niveau
dans la comédie, mais ce n'est qu'une partie de notre métier.
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- Pour la plupart d'entre
nous, nous faisons du théâtre, de l'image ; la radio,
c’est encore autre chose. A la radio on travaille sur soi,
au doublage on travaille sur le modèle imposé, mais la grande
difficulté est de réussir à continuer à jouer la comédie à
l'intérieur du carcan proposé/imposé par l'image en face de
nous. C'est sans doute moins difficile en ce qui concerne
un dessin animé ou les impératifs techniques sont peut être
un tout petit peu plus souples. Et en même temps on peut donner
davantage, s'échapper d'avantage de la couleur initiale, être
un peu plus traître par rapport à l'original, en dessin animé,
au cinéma ou à la télévision.
- Mathias dirige actuellement une des plus belles séries de
la télévision américaine, qui s'appelle West Wing.
Là il faut être d'une précision, d'une rigueur absolue, tout
en restant les acteurs que nous sommes au départ.
Sur cette différence entre les doublages de dessin animé et
les doublages de films, Mathias apporte une petite nuance
:
- Pour moi doubler un personnage
vivant à l'écran cela permet plus d'approximation qu'un dessin
animé. En terme de synchronisme, certes pour le dessin animé
c'est moins précis, même si actuellement ils apportent beaucoup
de soin au " lipsynch ". Mais hormis la pure synchro,
pour le jeu, les expressions, les intentions, je trouve qu'aujourd'hui
dans les dessins animé, et chez Ghibli particulièrement, ils
ont vraiment choisi exactement les expressions qu'ils voulaient
dans le trait du dessin. Dans les attitudes des personnages
tout est très précis, très voulu, très carré. Etre fidèle
par rapport à cette image apporte donc des contraintes supplémentaires.
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