MERCREDI 14 MAI 2003
21h - Première
projection de presse du festival 2003.
Ce jour-là de Raoul Ruiz, présenté le lendemain en sélection
officielle.
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« Demain sera le plus beau jour
de ma vie, le plus important » annonce en voix off
une jeune femme étrange que l’on découvre assise sur un banc,
dans une campagne brumeuse et hivernale. Des cyclistes en
uniforme passent à côté d’elle, ce sont les fous d’un asile
proche revenus de pique-nique. L’un deux tombe à ses pieds.
« Il sera un ange ! » décrète la jeune
brune, Livia (incarnée par Elsa Zylberstein). Fille d’un grand
bourgeois à la situation financière difficile (Michel Piccoli),
suivie en permanence par Trèfle, son secrétaire particulier
(Jean-François Balmer), elle habite une grande propriété peuplée
de personnages étranges (interprétés par Edith Scob, Rufus).
Arrive bientôt Emil Pontpoirot (Bernard Giraudeau), psychopathe
diabétique très inquiet(ant) qui tout en s’installant aux
côtés de Livia, entreprendra de tuer tous ses visiteurs.
Ce jour-là marque le retour du Raoul Ruiz farceur et
sans prétention, renouant avec les marques du baroque surréaliste
qui a fait sa renommée. On pense à Bunuel bien sûr, ou encore
à Chabrol pour la caricature de la bourgeoisie.
Le film est scandé par des indications temporelles précises
qui accroissent le sentiment très prégnant de la fatalité
qui finit par l’emporter. Ce jour-là est un objet multiple,
une pièce d’Agatha Christie dopée à l’absurde, un polar décalé,
burlesque et laconique, où dominent les interprétations d’Elsa
Zylberstein aussi délicate qu’irritante et de Bernard Giraudeau,
enfiévré.
Ce jour-là, ou la première bonne surprise du festival.
JEUDI 15 MAI 2003
8h30 - La journée débute par
un blockbuster.
Matrix Reloaded des frères Wachowski.
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Gavé de la campagne d’affichage du métro
parisien (et de ses motifs visuels se transformant dès que
l’on passe devant), on est définitivement repu à l’issue de
la projection de ce film poussif, peu aidé par des dialogues
indigents, trempé surtout dans un terrible esprit de sérieux.
On retiendra néanmoins quelques scènes impressionnantes (la
multiplication des Mr Smith, la poursuite sur l’autoroute)
ou drôles (les jurons français de Lambert Wilson).
Les spectateurs patients qui attendent la fin de l’interminable
générique sont récompensés par le film annonce du troisième
opus de Matrix qui sortira en novembre 2004 et semble
à première vue ne pas se démarquer des deux précédents.
La conférence de presse du film est expédiée en trois quarts
d’heure, salle Bunuel. Les frères Wachowski brillent par leur
absence, ils refusent toute communication publique. Il y est
question pêle-mêle de l’influence de la mythologie grecque,
de la façon de jouer devant un écran bleu avec des effets
spéciaux et d’un Lambert Wilson choisi à cause de son accent
français. Navrant.
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