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LUNDI 19 MAI 2003

Dogville de Lars Von Trier - Compétition, sélection officielle

  Dogville (c) D.R.
Dogville et ses maisons. Une petite ville américaine inédite, inconnue, vue du ciel. Des habitants pris dans leur quotidienneté. Entre les propriétés, des murs invisibles, des portes imaginaires, une végétation devinée. Une quinzaine d’adultes, une dizaine d’enfants perturbés par des coups de feu et l’apparition d’une jeune femme, Grace (Nicole Kidman, exceptionnelle), qui demande l’hospitalité de la communauté. Elle devient bonne à tout faire, exploitée par l’ensemble des habitants, avant d’être détestée et rejetée. A la fois victime et ange de la mort. En 9 chapitres, Lars Von Trier exprime à travers ses personnages une palette de sentiments extrêmement diversifiés : solidarité et peur d’autrui, confiance en l’autre et ostracisme. Le pardon est-il possible ? La violence et la vengeance peuvent-elles l’emporter ? Autant de questions n’engendrant pas forcément de réponses tant l’ambiguïté du cinéaste est grande. La mise en scène de l’espace est passionnante, Von Trier arrivant à captiver l’attention du spectateur pendant trois heures sans baisses de rythme… Dogville est un film culotté, avec des  parti-pris, un film événement.


Tiresia de Bertrand Bonello - Compétition, sélection officielle

Tiresia (c) D.R.
Avant-dernier film français de la compétition, Tiresia est aussi le plus singulier. Clairement structuré en deux parties, il raconte le destin d’une prostituée du bois de Boulogne, enlevée puis séquestrée par Terranova (Laurent Lucas), un homme mystérieux et violent. Les deux personnages s’affrontent et se découvrent dans ce lieu clos morne et gris aux allures de cellule. « Tu désires les transsexuels, mais tu ne veux pas les toucher » résume Tiresia (Clara Chovaux) à son geôlier. Un jour, de manière soudaine, Terranova crève les yeux de sa prisonnière et l’abandonne dans la forêt. Sauvée par une jeune fille muette et son père, Tiresia (Tiago Telès) devenue jeune homme (privée de ses injections d’hormones) aveugle, va désormais voir l’avenir. On vient de loin pour consulter sa parole d’oracle. Le prêtre du village s’enquiert de ce don et vient le questionner. Il a l’apparence physique de Terranova…

Tiresia est une adaptation personnelle et réussie d’un récit de la mythologie grecque, dans lequel Tiresia, successivement homme et femme, aveuglé(e) par la rage d’une déesse, se voit confier par les dieux une vision supérieure. A l’image de cette lave en fusion qui ouvre le film, Tiresia est l’histoire d’une éruption intérieure, d’une initiation secrète et violente. Déterminante pour ce personnage en pleine mutation. Bonello adopte un cadre rigoureux et simple, une mise en scène minimaliste, mettant en valeur le destin émouvant de son personnage. On ne ressort pas indemne de la projection de Tiresia, de loin le film français le plus excitant de la sélection française.