Le Domaine de
Lester James Peries -
Sélection officielle Hors compétition
Doyen du cinéma singhalais, James Lester
Peries, 84 ans, revient à Cannes (où il a présenté trois films
dans le passé), avec un curieux film, adapté librement de La
Cerisaie de Tchekhov. Après un séjour à Londres, Sujata
revient à Ceylan avec sa fille Aruni. Toutes deux retrouvent
le domaine familial. Mais la grande demeure est condamnée, en
raison d’un prêt non-remboursé. Elles demandent conseil auprès
de Lucas, le fils de l’ancien métayer qui a réussi dans les
affaires, mais tout paraît irrémédiable. L’atmosphère mélancolique
du film, la mise en scène classique, font penser au cinéma de
Satyajit Ray, et particulièrement au Salon de musique.
Particulièrement remarquée, l’extraordinaire bande sonore, assez
inhabituelle, où chaque son post-synchronisé paraît amplifié
(le moteur de voiture, les pas, etc), provoquant une impression
d’artificialité émouvante.
VENDREDI 23 MAI 2003
Mystic River de Clint Eastwood
- Compétition, sélection officielle
Boston. Jimmy (Sean Penn) Dave (Tim Robbins)
et Sean (Kevin Bacon) ont grandi ensemble. Un jour, Dave est
enlevé par un pédophile, sous les yeux de ses camarades. Leur
destin en resta à jamais marqué. Jimmy devint délinquant avant
de tenir une épicerie, Sean devint policier et Dave se replia
sur lui-même avant d’épouser Céleste. Katie, la fille de Jimmy,
est assassinée. Son père commence à parler de vengeance, Sean
pense que Dave est le coupable…L’enquête commence.
Drame policier basé sur un roman de Dennis Lehane, réécrit par
Brian Helgeland, Mystic river impose une mise
en scène classique et pudique, dosant savamment l’émotion tout
en n’évitant pas toujours les longueurs. Les personnages secondaires
féminins sont magnifiquement dessinés : en aucun cas des
faire-valoir, elles sont des soutiens infaillibles, instinctives…
Quelles traces les événements qui nous arrivent laissent-ils
dans nos vies, et celles de nos proches ? Mystic River, le film qui happe la géographie intime de Boston,
les secrets et les mystères de ses plis et de sa rivière, y
répond partiellement, à l’image du geste étonnant de Jimmy à
Sean, au cours de la parade finale. Un geste de la main qui
n’a pas fini de faire parler tant il est ambigu…
Shara de Naomi Kawase
- Compétition, sélection officielle
Une caméra lyrique et caressante qui
s’échappe en plans séquences dans des ruelles de Nara (Japon),
un enfant qui disparaît mystérieusement, un deuil impossible,
une famille tourmentée… Le nouveau long métrage de Naomi Kawase
(Caméra d’or à Cannes en 1997 avec Suzaku) est un film
simple au sujet difficile, avançant par petites touches, engendrant
une émotion permanente. La séquence finale de la danse est
tout simplement sublime, marquée par une caméra proche des
mouvements des danseurs et l’intervention brutale (mais très
cinégénique !) des intempéries…