La plupart des festivals de courts
privilégient les films à chute, ou du moins les films à
très courte durée. Ils cèdent ainsi à une contingence temporelle
qui peut se comprendre. Mettre une durée limite - souvent
à une demi-heure - permet d'obtenir une compétition la plus
ample possible, de laisser sa chance au plus grand nombre
de jeunes réalisateurs ou réalisatrices. Mais, conséquence
indirecte, les courts-métrages qui ne rentrent pas dans
ce format se retrouvent rejetés. Ce qu'on appelle les moyens-métrages
- films ni tout à fait courts, ni vraiment longs - se retrouvent
ainsi marginalisés.
Le problème
est d'autant plus criant que les distributeurs et les diffuseurs
suivent la même logique. Les cases destinées aux courts
métrages sur France 2, France 3 et Arte sont des fenêtres
à ouverture réduite. Difficile pour un moyen de se glisser
dans une programmation déjà rendue fragile par le peu d'audience
qu'elle suscite. Idem pour une sortie en salles qui refroidit
les professionnels de la profession bien que plusieurs tentatives
récentes - "Versailles rive gauche" ou "Ce
vieux rêve qui bouge" - ont démontré que succès public
ne rime pas forcément avec film de plus d'une heure.
Ces dernières années, quelques
initiatives ont tenté de faire bouger les choses. En particulier,
la plage Medium lancée par Hélène Vayssières sur Arte ou
encore la collection « Décadrages » conduite par
Thomas Ordonneau de Shellac, qui devrait d'ailleurs se relancer
bientôt dans la distribution de moyens avec la sortie en
salles de La peau trouée. Mais l'apparition d'un
festival du moyen-métrage à Brive est peut-être l'événement
le plus important pour ce format trop souvent considéré
comme bâtard. Car il va devenir - c'est sûr - dans les prochaines
années une vitrine française pour les moyens de France et
souhaitons-le d'Europe.
Déjà, dans sa première édition, sont apparus les germes
de la réussite. Tout d'abord dans une équipe organisatrice
jeune et volontaire. Portés par la Société des réalisateurs
de films (SRF), Katell Quillevéré et Sébastien Bailly possèdent
une fraîcheur communicative. Habités qu'ils sont d'une véritable
envie de cinéma, leur attitude tranche avec le dandysme
blasé affiché par un bon nombre de leurs confrères - espérons
d'ailleurs qu'ils gardent cette flamme en avançant en âge.
Parallèlement, le Festival de Brive se distingue par une
mise en place efficace et même assez classieuse dans un
lieu - une réplique du Rex - très fonctionnel. Il manque
juste des Brivistes se sentant davantage concernés par un
événement qui donnait plus l'impression d'être une délocalisation
parigote qu'une fête cinéphile locale.