Le thème du film est la dimension
mythologique que prend très vite l’histoire de Nora (E. Devos);
la lettre qu’elle reçoit de son père mourrant est la scène-clé
du film et la scène initiale que Despleschin a choisi d’écrire;
une lettre choquante par son mépris des conventions, mais
tout de même une lettre d’amour quasi criminelle.
Desplechin, c’est tout cela : la mise en scène d’une vie ou
les personnages se sentent enfermés, comme fous, mais aussi
aptes à transmettre de la tendresse et de l’écoute auprès
de leur entourage; ici toutes les générations se font face.
On crie, on rit, on pleure. C’est beau tout simplement.
Razzia sur le dernier Chabrol...
Mardi soir, sala grande, le
maître Claude Chabrol, cinéaste boulimique et complice de
Truffaut venait tout juste de pointer le bout de son nez,
hésitant, avant de recevoir un hommage très applaudi de la
part de la salle.
La Demoiselle d’honneur
ne se révèle pas aussi sulfureux que prévu mais a le mérite
de faire passer du bon temps avec son atmosphère sombre
et indécrottablement bourgeoise, ses non-dits, ses acteurs
qui crèvent littéralement l'écran (on retrouve avec
plaisir l’omniprésent Magimel de La Fleur du Mal
qui donne la réplique à la très convaincante Laura Smet).
Dans les rôles secondaires, il y a bien sûr Thomas Chabrol
qui campe un policier au regard sacrement effrayant, Suzanne
Flon qui a des problèmes avec sa salle de bain et surtout
Aurore Clément qui décidément a le don pour jouer dans les
bons films.
Un Chabrol ne serait pas un Chabrol, si l’on n'y retrouvait
ses fameux ingrédients : un zest d’inceste, un soupçon
de petite musique vieillotte et décalée par-ci par-là,
et le sacro-saint cadavre dans le placard.
Bref, Chabrol se fait plaisir et nous aussi, du coup !
A la sortie de la séance, Laura Smet s’engouffre rapidement
dans la voiture mise à sa disposition, tandis que Chabrol
continue de serrer des mains à un public qui se confond en
félicitations émues.
Les petits
haussements d’épaule du maître du suspense français semblent
vouloir dire, pourtant et toujours jovialement : "eh
bien oui c’est mon film mais n’en faisons pas tout un fromage..."