L'une des plus belles images
du Festival de Cannes est peut-être celle des drapeaux multicolores
s'agitant au dessus du Marché du Film. En apercevant cet
arc-en-ciel flottant, on comprend que le Festival de Cannes
mérite le qualificatif d'international et n'est pas qu'un
événement boursouflé de superficialité. Durant la quinzaine,
se monte une grande partie des films, notamment européens,
qui vont se succéder sur les écrans dans les deux et trois
années à venir. Parfois, dans le microcosme cinématographique,
tout ce qui touche à l'économique est dénigré par rapport
à l'artistique. Rien que de très naturel étant donné que
l'établissement d'un budget est quand même moyennement sexy.
Mais parties industrielles et artisanales sont indissociables,
indispensables l'une à l'autre. L'artificiel cannois se
justifie donc peut-être par les accords qui s'y concluent
et les rêves en pellicule qui en sortiront.
A l'envers, à l'endroit
Le Festival de Cannes n'est qu'un
décor de théâtre. Une foire des apparences et des faux semblants.
La pellicule extérieure est faite d'or, mais l'intérieur
n'est que stuc. Les trois quarts des réalisateurs ne sont
que des marionnettes au mieux conscientes d'une logique
commerciale qui les dépasse. Les trois quarts des comédiens
y apparaissent comme des automates auxquels il suffit de
donner de l'argent pour faire leur numéro de cirque. Le
constat a beau être exagéré, il revêt néanmoins une certaine
vérité.
Foule
Circuler à pied sur la Croisette
tient du slalom spécial. Les trottoirs sont petits, les
humains nombreux et pressés. Il faut donc être attentif,
souple sur les genoux pour pouvoir changer de direction
avec rapidité et ainsi éviter les collisions. La période
de pointe se situe vers 18 heures quand la montée des marches
se prépare. Une foule conséquente - faite de Cannois, de
touristes de passage et d'accros de cinéma - se constitue
peu à peu pour se rendre vers le Palais des Festivals. D'ailleurs,
mieux vaut ne pas aller à contre-courant de cette arrivée
massive sous peine de se faire sévèrement bousculer. Il
faut dire que les spectateurs savent bien que la bonne place
est rare. En effet, faute aux infrastructures métalliques
destinées à protéger les photographes en temps de pluie,
les trois quarts des gens présents ne verront quasiment
rien.