Boucle 608 : Forrester et Jamal sont
dans une pièce de la maison. Il dit à Jamal
en parlant de son talent : " Tu ne vas pas tout
gâcher ! ".
Boucle 615 : Jamal a donné un texte à l’école.
Il avait promis à Forrester que ce qu’il écrirait
ne sortirait pas de la maison. Forrester n’est pas très
content : " Pourquoi je l’aurais dit, quelle
importance ? ".
Michel Derain dirige avec précision les comédiens.
Il sait décrire les émotions des personnages
aux comédiens. Pour cette boucle 615, il explique à
Maël Soulas de ne pas " s’emballer vocalement "
et demande à Bernard Dhéran de refaire sa partie
de boucle car c’est dit, selon lui, sur un ton trop " Bernard
Dhéran ". Dans ses propos ça devient
presque un adjectif synonyme d’un ton quelque peu distingué.
Il veut en fait un ton plus viril car l’objectif est que Bernard
Dhéran fasse ce que l’on peut appeler du " Jean-Claude
Michel " tout en injectant sa personnalité.
Ce n’est pas évident et c’est là tout le défi.
D’ailleurs à ce propos, Michel Derain m’a raconté
la veille au téléphone que le choix de la " nouvelle "
voix française de Sean Connery n’a pas été
facile. Ils ont fait des essais avec Léon Dony, comédien
Belge, qui a doublé Connery dans Un Anglais sous
les tropiques (1995), Lancelot (1995) et Juste Cause
(1995). Des essais n’ont pas satisfait la Columbia.
Ensuite, Michel Derain a songé
un temps à Marc Cassot, voix française de Paul
Newman, mais le problème est que la Columbia ne souhaite
pas qu’un comédien français double plusieurs
stars, surtout si sa voix est trop reconnaissable sur une
vedette en particulier, ce qui n’est pas vraiment le cas de
Bernard Dhéran même si ce dernier est habitué
à doubler certains acteurs anglais.
Derain avait aussi pensé sérieusement à
Jean Piat, autre comédien du Français, mais
dont la voix ne lui semblait pas assez grave pour doubler
Connery. A partir de ce constat, le choix de Bernard Dhéran
s’est naturellement imposé.
Boucle 616 : " One take " pour
Maël Soulas, impressionnant par son talent.
Boucle 617 : c’est la continuité de l’affrontement
verbal entre Forrester et Jamal. Le texte de Jamal a été
publié dans le New Yorker alors qu’il l’a déjà
rendu comme devoir à l’école.
Comme pour la boucle 615, Derain dit à Soulas de ne
pas " s’emporter vocalement ", de bien
appuyer sur la fin des mots.
Pour la boucle 618, Derain explique à Bernard Dhéran
la façon de voir du personnage de Forrester : " Il
y a la mort de son frère derrière ".
Dhéran doit doubler une scène où le personnage
joué par Sean Connery se met en colère. Il dit
à ce propos que Jean Gabin, Raimu et Lino Ventura faisaient
très bien les colères à l’écran.
La pause venue, c’est le moment de
nous entretenir avec Bernard Dhéran. Comédien
fort connu, il a tourné dans de nombreux films : Si
Versailles m’était conté, Les Grandes Manoeuvres,
L’Homme à la Buick, et plus récemment Ridicule,mais il vient surtout du théâtre. Il est
entré à la Comédie-Française en
1953, a été nommé sociétaire en
1961, et en est parti en 1989 après 36 ans de bons
et loyaux services.
Il a commencé le doublage vers 1950, a doublé
Eric Porter dans la série TV La Dynastie des Forsyte,
John Gielgud dans Le Crime de l’Orient Express, Alec
Guinness dans la série La Taupe de John Le Carré,
Peter O’Toole dans Le Dernier Empereur, le Consul dans
Le Thé avec Mussolini, le personnage de Balthus
dans Sleepy Hollow, Barry Newman dans l’Anglais,
Ian McKellen dans X-Men et récemment Michael
Caine, qu’il a doublé souvent, dans Quills La Plume
et le Sang.
A la synchro, un de ses acteurs fétiches était
David Niven. Il l’a doublé de nombreuses fois : Bonjour
Tristesse (1957),Les 55 Jours de Pékin (1963),
Passeport pour l’oubli (1965), Bons Baisers d’Athènes
(1979), Le Commando de sa Majesté (1980), etc...