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Parmi les autres belles
sorties et surprises de l'été, et absentes de
Cannes, Metropolis, de Rin Taro et Katsushito Otomo,
d'après des récits d'Osamu Tezuka. Nous consacrerons
également plus d'espace à ce film cet automne,
avec une rencontre avec Otomo. Dans le même esprit que
Suncent, Columbia-TriStar, qui doit diffuser le film à
l'étranger, refusait tout entretien pour l'étranger
avant la sortie internationale du film. Mais le milieu du
cinéma est étroit à Tokyo, on arrive
à contacter les gens qu'on connaît déjà...et
Katsuhito Otomo a accepté de répondre aux questions
sur le film. Malheureusement, Metropolis n'a pas fait
long feu en salles. Ce film qui rassemble trente années
d'évolution au sein de l'anime, d'Osamu Tezuka à
Koji Morimoto, a laissé le public de marbre, un public
qui s'est empressé par contre pour la sortie du nouveau
Hayao Miyazaki, Spirited Away, qui fait très
Mon voisin Mononoke.
Metropolis, le manga de Tesuka, annoncait la création
d'Atom. Le récit décrivait une société
dans laquelle cohabitait une classe dominante, un prolétariat,
et des robots menacés d'extermination de part et d'autre:
les ouvriers se révoltent contre le chômage et
les emplois occupés par les robots, tandis que les
savants et les investisseurs qui les soutiennent, annoncent
l'arrivée d'une cyborg, Tima. La révolution
aura lieu, elle n'épargne aucune caste. D'une durée
de deux heures, les premières quarante minutes dérouteront
ceux qui connaissent Tezuka, Rin Taro et Otomo.
La majorité des personnages ont les traits de ceux
qu'on associe à Tezuka tandis que la ville, la mégalopole,
porte les signes distinctifs de Rin Taro et Otomo. Le film
met donc environ quarante minutes à convaincre de cette
fusion entre les styles, mais par la suite, le film change
de ton, devient plus sombre, violent; Otomo expliquait qu'il
avait ajouté un personnage qui ne figurait pas chez
Tezuka. Rock est le fils du maire de Metropolis, et membre
d'une milice fascisante anti-robot. Une autre version gosse
psychopathe telle que Tetsuo dans Akira, ou l'enfant-colonel
dans Spriggan.
Enfin, la dernière demi-heure semble entre les mains
du complice d'Otomo, Koji Morimoto et son Studio 4C : animation
3D, accélérations, métamorphoses des
espaces de la ville divisés en trois zones, mais on
revient à Tezuka avec un relatif happy end...
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Mais l'anime n'a plus le
vent en poupe au Japon, enfin, plus de la même façon,
et ceux de la presse frenchy / trendy qui s'imaginent que
des cultes se créent autour de productions telles que
Ring, ou Lain, ou Battle Royale, vivent
dans un Japon de leur invention, tout comme Cannes, qui persiste
à croire que le seul cinéma japonais qui puisse
s'exporter serait un cinéma d'auteur. Meme Final
Fantasy, The spirits within, ne sortira qu'à
l'automne, après Shrek... La sortie anime importante
de l'été, outre le Miyazaki, aura Final Fantasy
X pour PS2 Pendant ce temps, Battle Royale, Avalon,
Inugami, Gojoe, Brother, une foule de
films de Takashi Miike, et encore bien d'autres sortent tous
en dvd. Nous reviendrons sur ce que proposent ces dvd. Bref,
en dépit de cette prolifération d'images, de
productions qui démontrent l'incessante vitalité,
les richesses, l'innovation des nouveaux réalisateurs
japonais, le jeune public préfère quant à
lui s'investir dans son téléphone portable.
Les exploitants de salles comme les labels de J POP en ont
fait leurs frais : dans cette période de récession,
le portable est a la fois un petit ordinateur, une console
de jeux, les mails y prolifèrent. Voilà où
va désormais l'argent de ce public plus que jamais
coupé du monde paradoxalement par le biais d'un outil
de communication, comme lorsque Deleuze parlait du casque
virtuel qui rend aveugle. Alors les rares films gros budget
des studios, tentent de leur faire relever la tête avec
des films package, comme le détestable Battle Royale,
produit par Toei, qui revient à la charge avec le nouveau
film de Hiroyuki Nakano, The red shadow (qui pourrait
aussi bien s'appeler Charlie's Ninjas, mais Hong Kong
est déjà sur le coup avec un Virtual Twilight).
Nakano s'était révélé, il y a
quatre ans, avec un film tendance mais sympathique, Samurai
Fiction, détournement rock de film d'époque,
qui fit de lui un réalisateur à suivre. Nakano
avait du moins compris la richesse thématique que constituait
l'histoire du cinéma japonais, et que l'heure de "s'amuser"
avec celui-ci était venu. Il enchaîna avec Stereo
Future que les distributeurs mirent longtemps à
sortir (joli mais incohérent). The red shadow
bénéficie d'un casting impeccable, que des stars...une
machine promo et bande originale efficaces. Résultant
accablant, avec une première partie qui se veut Charlie's
Angels et Tigre et Dragon, et faute de pouvoir
tenir ce pari, se révèle embarrassante; quand
à la deuxième heure, atterrante, elle ne fait
qu'enfoncer le clou sur un système qui croit que les
stars télé sont de vrais comédiens/comédiennes
(voir le dernier Kyoshi Kurosawa).
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