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 Par ailleurs, cette idée
 de "conte" se retrouve dans le flash-back. Car il
 se rapproche du rêve, au sens onirique du terme. Il
 a beaucoup évolué depuis sa création,
 adoptant des styles complexes et élaborés. Finalement,
 il est parfois aujourd’hui employé  sous une forme
 des plus simples : dans Pulp Fiction par exemple, Quentin
 Tarantino ne s’embarrasse  même plus du noir et
 blanc ou d’un gros plan sur le regard du personnage. Le réalisateur
 utilise donc le procédé, tout en le personnalisant,
 en l’implicitant. D’ailleurs, il en est de même dans
 le film Un Monde parfait. Le metteur en scène
 implique le spectateur, en le rendant complice. Ainsi, le
 flash-back  illustre lui aussi le rêve vu par Hollywood.
 
 Il faut bien voir que la plupart de ces formules sont trans-historiques.
 Elles sont donc valables à l’époque des Studios
 comme à celle des indépendants. Cela dit, elles
 sont apparues, où du moins ont commencé à 
 faire recette, dans les années 30. Succès renforcé,
 du moins sur le territoire national, par la récente
 apparition du parlant. Ca tombe bien. Parce qu’au sortir de
 la crise de 1929, la société américaine
 a grand besoin de rêver. Et à cette époque,
 qui mieux que le cinéma était en mesure d’exaucer
 ce voeux ? Personne.
 
 
 STARS & STAR SYSTEM …
 
 
 
 
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 Personne ? Non, si ce n’est
 la Star. Car elle a pris une dimension mythique. Car elle
 existe au-delà du film. A sa manière, elle permet
 à ce rêve d’exister, de continuer et d’être
 décuplé. Non sans un arrière plan cruel
 : le Star System. Bien qu’il soit d’origine européenne,
 ce-dernier reflète incontestablement le rêve
 cinématographique hollywoodien. Le fait est que des
 Stars apparaissent et disparaissent dans bien des pays, qu’elles
 constituent un idéal, de beauté, de carrière
 ou de situation financière pour beaucoup. Mais jamais
 leur culte et leur image n’ont été aussi amplifiés
 qu’à Hollywood. Jamais. Et c’est cela aussi qui en
 fait la spécificité.
 
 Les Stars hollywoodiennes s’affichent dans des cérémonies,
 comme celle, depuis 1927, des Academy Awards. Elles refusent
 de tourner en-dessous de certains cachets, toujours plus astronomiques
 les uns que les autres. Un producteur qui veut telle Star
 pour un film sait bien qu’elle viendra accompagnée
 de ses exigences financières. Déjà s’il
 s’agit d’un long métrage, mais surtout lorsqu’elle
 tourne une série, car elle y est irremplaçable.
 Bien malin celui qui pronostiquera combien pourrait légitimement
 demander un Sylvester Stallone ou un Harrison Ford pour un
 épisode de plus de leur série fétiche.
 Légitimement, oui, parce qu’ils se serviront du système.
 Ni plus, ni moins.
 
 
 
 
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 Mais, déjà,
 les Stars étalent leur vie privée dans les
 journaux et autres magazines à scandales. Presque
 systématiquement par obligation plus que par choix,
 il est vrai. Et finalement, elles font partie intégrante
 d’une manière ou d’une autre de la vie quotidienne
 de l’américain moyen. Elles deviennent pour lui des
 idoles, et peuvent même l’influencer au point qu’il
 se lance dans la carrière. Au total, deux tendances
 s‘opposent tout en se complétant, se renchérissant
 mutuellement. D’une part, la Star donne vie au rêve.
 Mais il ne faut pas oublier qu’une Star naît et meurt
 grâce et à cause du public et des médias.
 Et précisément par l’importance qu’on lui
 donne, elle engendre, d’autre part, un processus commercial
 qui lui confère un rôle de produit à
 l’usine. Son image est façonnée et gérée
 par les Studios. Sa vie privée est contrôlée.
 Ce qui d’ailleurs revient finalement à contrôler
 le film. Image de marque oblige. Voilà comment le
 "Star System" illustre l’économie et l’industrie
 de ces Studios. Voilà comment il se fait le reflet
 de l’usine.
 
 Si la manière d’exposer la Star hors-champ est cérémonieuse,
 celle de la présenter dans un film ne l’est pas moins.
 On  joue avec le spectateur, on retarde  l’entrée
 en scène de la Star. Entrée soigneusement
 préparée et peaufinée. Il est
 venu pour elle, il s’agit donc de ne pas le décevoir.
 Le scénario se construit presque toujours autour
 d’elle, car  la hiérarchie du studio
 et le public savent que c’est une valeur sûre. Il
 lui est assuré une image irréprochable. Tendance
 d’ailleurs parfois renforcée par le fait que le personnage
 incarné rencontre des difficultés au début
 du film.