Ou qu’il tue le
"méchant" alors qu’on était vraiment
"persuadé" que cette fois-ci (la 3ème),
il était mort... La Star n’en est que plus héroïque à
la fin. C’est à elle que reviennent les honneurs, le "happy
end" et tout autre processus quel qu’il soit pourvu qu’il
la mette en valeur à un moment ou à un autre.
Elle collabore à l’équilibre du film. Parallèlement
et plus généralement, elle symbolise les institutions
du cinéma hollywoodien. Ainsi, l’usine s’immisce inexorablement
à l’intérieur de ces institutions. Plonger au
cœur de l’ère des Studios révèle leur
fondement, tandis qu’envisager l’après Age d’or dévoile
leurs évolutions. Et cela non sans l’espoir de trouver
un peu de rêves au milieu de cette usine...
HOLLYWOOD, LE CINEMA DES STUDIOS …
Au nombre de huit, les
Studios se divisent en deux groupes : Les "Big
Five ou" Majors" (Paramount Pictures, Loew’s Inc,
20th Century Fox, Warner Bros et Radio- Keith- Orpheum),
et les "Little Three " (Universal, Columbia et
United Artists). Ils diffèrent par les genres qu’ils
proposent, les Stars qu’ils utilisent, et qu’ils retiennent,
moyennant finances, de signer avec le Studio voisin. Cependant,
leur fonctionnement commun est indissociable de trois notions,
à savoir la production, la distribution et l’exploitation.
Soit, en d’autres termes, une quête inlassable du
profit. Elle passe obligatoirement, au début de l’ère
des Studios, par le contrôle des salles. Ce que les
"Majors" ont bien compris, quand ils imposent
leurs conditions d’exploitation. En effet, la programmation
des films par les "Little Three et les petits exploitants
indépendants, est soumise aux choix des "Big
Five". Et en excellents commerçants qu’ils sont,
ils se gardent les endroits stratégiques. D’ailleurs,
le système circuit-zone-relâche (On procède
à une période de relâche, dans une zone
délimitée, après chaque passage d’un
film en première, deuxième... exclusivité)
a assuré aux Majors un nombre d’entrées pratiquement
stable, même quand la conjoncture n’était pas
des plus favorables. Cela dit, ce n’est pas leur seule force,
loin de là. Ainsi, lorsque la production les met
face à des mesures de censure pour des raisons éthiques,
ils s’imposent grâce à la distribution internationale.
En fait, le fonctionnement des Studios s’articule autour
d’une standardisation. Cette- dernière est basée
sur une spécialisation des tâches, à
l’image du travail à la chaîne de Ford, et
de l’Organisation Scientifique du Travail de Taylor. Recette
des plus radicales pour tuer le rêve dans l’œuf. Il
faut pour les employés sans cesse travailler, et
avec une mentalité d’usine s’il vous plaît.
Tout un art...
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Mais si les films hollywoodiens
se ressemblent dans leur fabrication, leur contenu a aussi
de nombreux points communs, on l’a vu. Et ainsi, en façonnant
ses productions et ses Stars, Hollywood a indirectement
façonné le public. Elle l’a apprivoisé
avec des films dont seule l’intrigue change, et l’a rendu
coutumier de cette vision... Et le public a indirectement
façonné la production et les Stars, on y a
fait allusion. Cette allusion, on pourrait la voir comme
un symptôme du cinéma, une vérité
planétaire. C’est-à-dire que dans tous les
pays, quand le public apprécie, on fait des suites
ou des clones. Mais non. Décidément, le subtil
pléonasme entre usine et cinéma n’existe qu’à
Hollywood. Pourquoi ? Parce que le public américain
s’en amuse et s’en contente. Parce qu’en France, par exemple,
le cinéma fait partie de la culture, et qu’aux
Etats-Unis, le cinéma c’est avant tout de l’"entertainment".
Parce qu’à Hollywood plus qu’ailleurs apparemment,
le temps c’est de l’argent. Parce qu’en un mot, Hollywood
est unique. Et l‘explication est là, dans ses Studios.
Voilà pourquoi il est essentiel d’en souligner
le fonctionnement. L‘anecdote contée par K.
Vidor dans La Grande parade est révélatrice à
ce sujet : des spectateurs et des exploitants ne s’étaient
pas aperçus qu’à plusieurs mois d’intervalle
ils avaient vu deux films mis en scène à partir
du même scénario. Celui-ci avait été
distribué par mégarde à deux réalisateurs.
Cela dit, les deux films possédaient des acteurs
et des décors différents. Les films sont tous
les mêmes, mais tous différents. Ca en dit
long... Et c’est une parfaite illustration, qui plus est,
de l’utilisation maximale des produits, pour toujours augmenter
le profit.
Cette recherche de profit
a pris un caractère intemporel, depuis les origines
du cinéma hollywoodien. Tout a commencé au
moment où quelques européens, alors simples
petits commerçants, se sont lancés dans l’aventure
du rêve américain. Hollywood fut pour eux un
moyen de concrétiser leur rêve. Et ils le firent
par l’intermédiaire d’un rêve déjà
réalisé : la reproduction du réel,
le cinéma. L’usine s’est ensuite tout naturellement
mise en place, ce fut l’époque des Studios et de
leurs structures solides. Mais force est de constater que
la conjoncture en a eu raison. Qu’elle soit liée
à l’histoire des Etats-Unis elle-même ou à
l’histoire mondiale, elle a déstabilisé les
Studios par trois fois.