Cela dit, les indépendants ne
se complaisent pas uniquement dans la parodie. A une époque
où les Studios s’auto-étouffent, M.Scorcèse
où S.Spielberg font à peu près
ce qu’ils veulent et prennent de plus en plus de poids. Ils
signent un retour aux rêves personnels, hors normes.
Et s’ils transmettent leur message, cela se passe contre
le système, mais aussi avec. Ainsi, pour Jurassic
Park Spielberg s’est largement servi des moyens promotionnels
et publicitaires dont dispose Hollywood pour lancer
son film... Et répandre jusque chez "Mc Donald’s"
tous les produits dérivés possibles et imaginables.
Deux "Dinosaures" en un, il fallait l’inventer...
Mais même quand les studios ne se suffisent plus à
eux-mêmes, et comptent par conséquent sur les
indépendants, l’usine est toujours présente.
Parce que les indépendants, s’ils ont limité
l’usine selon les Studios, en ont impulsé une nouvelle.
La leur. Sauf que dans cette histoire, on s'attache surtout
au message véhiculé. Ce qui, pendant l’Age d’or,
aurait restreint considérablement le discours du 7ème
Art hollywoodien. C’est le moins que l’on puisse dire. En
effet, parce que le cinéma est reproductible, c’est
une de ses caractéristiques essentielles. Et
si ce caractère lui a permis de s’épanouir,
d’être vulgarisé et rentable, sans doute l’a-t-il
aussi éloigné de la notion d’œuvre, au sens
pur du terme. Les Studios, par une reproduction inlassable
des mêmes structures n’ont fait qu’amplifier le phénomène.
"Grosso modo", on reproduisait des "reproductions "
de films. Précisément ce que les indépendants,
par définition, ont enrayé. Tout simplement
en retrouvant l’essence de l’œuvre, en créant
"librement" quelque chose qui leur est propre, en
rendant "unique" leur travail. Bien sûr,
il y a toujours certaines conditions, financières ou
autres, et les copies pour la distribution. Cependant, l’œuvre
est là. Merci.
Mais cela, New York l’avait
compris, et depuis le début. Trop longtemps dans
l’ombre, la Grosse Pomme est de retour, plus créative
que jamais. Et c’est tant mieux. Est-ce une limite pour
Hollywood ? Pas vraiment pour l’instant, bien
que des réalisateurs comme W.Allen, ou des stars
telles Tom Cruise ou Bruce Willis aient déjà
émigré vers l’est. Et qu’Orlando entre dans
la partie, en construisant des studios, sur un sol somme
toute moins tremblant qu’à Hollywood. Cela dit, S.Spielberg
construira son studio près de Los Angeles, histoire
de concurrencer les studios actuels d’Hollywood. Justement,
le maire de Los Angeles "soulignait le rôle central
des industries de divertissement dans la reprise de l’économie
californienne ".
L‘usine à rêves est là et bien là,
intemporelle et multiforme.
L’ADAPTATION ET LE REMAKE
Pour s’en convaincre davantage, si besoin est, il suffit
de se pencher sur les règnes de l’adaptation et du
"remake". L’adaptation à Hollywood
est fondamentale parce qu’elle permet en partie au cinéma
américain de vivre. En effet, loin d’être un
moyen de rendre hommage à la littérature,
elle constitue avant tout une garantie financière
de premier ordre. L’œuvre à adapter étant
choisie parmi des "best sellers", elle aura par
conséquent déjà été testée
et appréciée par un public. D’autre
part, l’adaptation rassure le producteur qui a entre les
mains un scénario presque écrit. A priori
le produit finale trouvera au moins deux publics. Entre
ceux qui ont lu le livre et veulent en voir l’adaptation
cinématographique, et ceux qui préfèrent
aller dans les salles obscures plutôt que lire des livres...
Là où l’usine à rêves connaît
des limites, c’est qu’elle s’auto-bénéficie
de sujets déjà prêts.
Elle exclut du même
coup tout scénario original, car si celui de l’adaptation
est travaillé et un peu modifié, il n’est
pas le fruit du "rêve" intime d’une personne
de la profession. Finalement, rien de bien nouveau là-dedans.
Si ce n’est que le culte de l’adaptation étant voué
sans scrupule quant à la pureté littéraire,
cela dénature à la limite le travail de l’écrivain...
Bref.
De même, la bande
dessinée, avec Batman par exemple, est adaptée
pour le cinéma. Et actuellement, le 7ème Art
prend à son actif des adaptations de jeux vidéos
aussi populaires que Mortal Kombat ou Mario Bros.
Cela rappelle la notion d’interactivité, que l’on
retrouve avec "le film dans le film". Dans Last
Action hero, par exemple, où un petit garçon
pénètre dans le film de son héros.
L’idée en soi est loin d‘être mauvaise. Mais
pourquoi faut-il toujours que les américains en fasse
des tonnes ? Qu’ils resservent inlassablement les mêmes
stéréotypes? Ah oui, c’est vrai, pour l’argent.
Ca gâche.