Les films de Luc Besson sont variés
et ont la particularité de prendre vie dans des univers
très différents : Le Dernier combat
se déroule dans un "décor " de
fin du monde, Subway se passe dans le métro,
Le Grand bleu à plusieurs mètres de profondeur,
Nikita et Léon sur terre, et Le Cinquième
élément dans l’espace… Difficile d’être
plus surprenant. Tous ces films ont cependant des points communs,
la touche du réalisateur (les génériques
par exemple), et la musique d’Eric Serra. En fait, cette musique
est comme un repère, un point de ralliement vers lequel
convergent des films puisés dans le très vaste
monde de Besson. A chaque fois, il effectue un virage à
180°, cherchant à explorer de nouvelles contrées.
La musique d’Eric Serra s’en ressent. A films difficilement
comparables, musique difficilement comparable. Si la différence
entre la bande originale du Grand bleu et celle de
Léon est si flagrante, c’est sans doute tout
simplement parce que chacune adhère complètement
à son sujet. Comme il n’y a pas de thème récurrent
chez Besson, une chose à laquelle il tienne particulièrement,
sauf peut-être la volonté d’évoluer dans
des univers distincts, il n’y a pas non plus de trop grosses
ressemblances dans la musique de son compositeur fétiche.
Evidemment, une oreille un peu habituée reconnaît
une musique d’Eric Serra, mais rien ne se ressemble vraiment
dans son travail pour Luc Besson. Cependant, il a aussi composé
la musique de Golden Eyes, et à mon goût,
elle a de nombreuses similitudes avec celle de Léon.
Eric Serra peut être "catalogué "
comme le musicien attitré de Luc Besson, mais ses compositions
n’entrent pas réellement dans un genre précis,
puisqu’il a travaillé sur un film noir, une comédie,
une comédie dramatique…
D’un film à l’autre, ses compositions
sont donc variées, et constituent une œuvre à
part entière. Cela soulève la question de l’existence
personnelle de cette musique. Le fait est qu’elle se met en
réalité au service du film, et permet d’une
certaine façon de l’expliciter. En ce sens, elle n’a
pas été créée pour elle-même.
Cela dit, les bandes originales de Serra trouvent néanmoins
leur unité, leur propre histoire. Si elles sont pour
chaque film assez homogènes, c’est-à-dire que
certains instruments reviennent souvent dans le thème
(le saxophone pour Le Grand bleu, les violons pour
Léon, la batterie pour Nikita), la musique
du Cinquième élément est de ce
point de vue un peu différente. C’est en fait l’univers
du film qui veut cela. La musique est à la fois explicite,
comme celle qui présente Korben Dallas, et énigmatique,
comme le mystérieux thème du générique.
L’opéra interprété par la Diva Plavalaguna
est un peu une surprise, créée par Eric Serra
pour les besoins du film. D’ailleurs, Luc Besson a gardé
la chanson secrète jusqu’au moment de tourner la scène.
Il voulait que tous les acteurs et figurants présents
dans le théâtre à ce moment là
découvrent la Diva, pour voler leur réaction
et l’imprimer sur la pellicule. C’est ainsi que Bruce Willis
se retrouve assez ému. Cette petite anecdote montre
bien toute l’importance que Luc Besson accorde à la
musique. Si beaucoup de personnes dans l’auditoire ont réagi
comme Bruce Willis, ce sera certainement le cas de bon nombre
de spectateurs, et voilà exactement ce que cherche
le réalisateur. La surprise est totale en effet, puisque
la musique était jusqu’à présent assez
proche du travail habituel d’Eric Serra, et le film a pris
des envolées de bagarres et d’explosion en tous genre.
Et voilà maintenant l’ensorcelante Diva…