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  Batman (c) D.R.
En 1943, soit quarante-cinq ans avant la version de Tim Burton, Batman devient un (super) héros de cinéma, dans un serial de la Columbia. Incarné par un certain Lewis Wilson, l'homme-chauve-souris empêche le Docteur Daka de détourner une cargaison de radium, qui doit arriver à Gotham City. L'ignoble Japonais est à la tête d'une armée de prisonniers de guerre américains transformés en zombies. Batman et Robin (oui, il est là aussi) mettent un terme à ses odieuses manigances. Sans doute pour justifier l'engagement des deux héros dans la Guerre, la production insère un texte au début du film, expliquant qu'ils " représentent la jeunesse américaine qui aime son pays et est heureuse de se battre pour lui. "
Très étonnamment, Captain America ne combat pas de Nazis à l'écran (dans un serial de 1944). Pourtant, il avait été créé par Joe Simon et Jack Kirby en mars 1941 pour " aller donner un coup de poing dans la figure du tyran " (dixit Simon). Ses ennemis appartenaient au IIIe Reich et il était courant d'apercevoir Hitler au fil des pages...


L'Espion invisible

Dans les années trente, les figures les plus marquantes de l'Universal ont pour nom Dracula, Frankenstein, la Momie ou le Loup-Garou. En 1942, même si le genre est en déclin, il semble difficile de les envoyer enquêter à Berlin ou à Tokyo. Pourtant, parmi sa collection de monstres et de savants, le studio décide de mobiliser " l'Homme invisible ". Le roman de H. G. Wells a été adapté par James Whale en 1933 et deux suites ont déjà été tournées (Le Retour de l'Homme Invisible et La Femme Invisible).

Invisible Agent (c) D.R.

L'Agent Invisible contre la Gestapo (Invisible Agent) se caractérise par une audace typiquement hollywoodienne, que l'on pourrait qualifier de " n'importe quoi " ! Ici, rien n'est trop exagéré. Le scénario de Curtis Siodmark met en scène Frank Griffin, le petit-fils du fameux " Homme invisible ". A l'approche du conflit mondial, des espions allemands et japonais essaient sans succès de lui soutirer la formule d'invisibilité de son grand-père. Il n'a l'intention d'en faire cadeau à personne mais lorsqu'éclate la Guerre du Pacifique, Griffin consent à l'utiliser pour le compte de l'Amérique. A une seule condition : lui seul doit en bénéficier. Il est parachuté près de Berlin et s'injecte le produit pendant la descente. Pour être absolument invisible, il doit se déshabiller entièrement. Imaginez James Bond accomplissant sa mission tout nu ! C'est bien ce qui arrive à Griffin qui, d'ailleurs, passe son temps à éternuer. Il prend contact avec Maria, une Allemande antinazie qui reçoit chez elle un membre important de la police secrète.
A partir de là, le film bascule complètement. Griffin fait tout pour être remarqué : il allume un briquet, mange une cuisse de poulet et renverse un plat sur l'uniforme du Nazi. Etait-il alors nécessaire de se rendre invisible ? Complètement irresponsable, Griffin fait les pires bévues et finit par être repéré par le chef de la Gestapo. Un comble ! A la fin, Peter Lorre se fait hara-kiri et Griffin empêche l'invasion des Etats-Unis. Ouf !

Sherlock Holmes, agent très spécial

La pire mésaventure de Sherlock Holmes ne fut pas de rencontrer Moriarty aux chutes de Reichenbach (dans Le Dernier Problème de Conan Doyle), mais bien d'être passé de la Twentieth Century Fox à l'Universal en 1942. En effet, à partir de ce transfert, Basil Rathbone (Holmes) et Nigel Bruce (Watson) se retrouvent dans des films ineptes très éloignés de l'œuvre originale.

  Sherlock Holmes (c) D.R.

Le premier de cette nouvelle série est La Voix de la Terreur, qui s'ouvre sur un carton significatif : " Sherlock Holmes, le célèbre personnage créé par Conan Doyle est immortel. Ses enquêtes, qui en ont fait le maître incontesté du raisonnement par déduction, peuvent être adaptées à notre époque sans que cela puisse choquer. " Sous couvert de ce raisonnement fantaisiste, le célèbre détective se retrouve à lutter contre les Nazis pour le compte de l'Intelligence Service (le scénario est vaguement basé sur la nouvelle Son dernier coup d'archet, où Doyle tirait en 1914 Holmes de sa retraite pour affronter un espion teuton). Meurtres et sabotages sont annoncés au moment où ils sont commis par un speaker de la radio allemande émettant dans toute l'Angleterre. Holmes, qui dispose de tout le confort moderne (électricité, T.S.F., téléphone), fait des comparaisons de graphiques (!) et comprend que la " Voix de la terreur " se trouve en réalité à Londres. Avec l'aide de la pègre (un thème que l'on retrouve dans plusieurs films de l'époque), il met en échec ni plus ni moins l'invasion de la Grande-Bretagne. Le dénouement est absolument réjouissant : dans une chapelle à moitié détruite située au bord d'une falaise, Holmes confond un des responsables des services secrets, en fait un sosie allemand ayant pris sa place depuis 1918 !
Trois mois plus tard, l'Universal récidive avec L'Arme secrète. En Suisse, Sherlock Holmes assure la fuite d'un savant allemand, inventeur d'un nouveau système de viseur de bombardier, vers l'Angleterre. L'instrument est démonté en quatre parties qui sont remises à quatre savants, tués les uns après les autres. Holmes découvre que l'agent des Nazis à Londres n'est autre que son ennemi mortel, l'infâme Moriarty.
Les scénaristes font preuve d'encore plus d'imagination avec Sherlock Holmes à Washington, sorti en mars 1943. Comme le titre l'indique, le détective se rend aux Etats-Unis. La raison : retrouver un document top-secret (dont le spectateur ignorera jusqu'au bout le contenu) remis par un agent, avant de mourir, à un inconnu. Holmes découvre que le microfilm est caché dans une boîte d'allumettes, qui passe de main en main avant de se retrouver dans la poche de l'espion Heinrich Heinkel. Celui-ci ignore qu'il possède le précieux document et Holmes lui tendra un piège. Le périple plaît surtout au docteur Watson, qui découvre le chewing-gum et dévore Flash Gordon.