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Fernandel (c) D.R. LE WESTERN FRANÇAIS
Par Philippe LOMBARD


Contrairement aux Italiens, les Français n'ont pas su s'approprier le western. Trop respectueux du modèle américain, ils ont manqué d'audace.


En 1910, on tourne déjà de petites bandes western en Camargue, dont les plus célèbres constituent la série des Arizona Bill avec Joe Hamman, ex-aventurier parti à 17 ans vivre chez les Indiens. Mais n'est pas Tom Mix qui veut, et malgré d'autres tentatives de Gaumont et Pathé, l'expérience tourne court. On ne perce pas aussi facilement un marché tout naturellement dominé par les Américains.


  Fernand cow-boy (c) D.R.

Il faut attendre les années cinquante pour voir apparaître des westerns… comiques, interprétés de façon caricaturale par Fernand Reynaud (Fernand Cow-boy), Fernandel (Dynamite Jack) ou Bourvil et Luis Mariano (Sérénade au Texas). Mais c'est avec le succès des vagues allemande (la série des Winnetou) et italienne (Sergio Leone et ses adeptes) que les Français osent vraiment franchir le pas. En 1969, Robert Hossein écrit, réalise et interprète Une Corde, un Colt, une sombre histoire de vengeance dans laquelle Michèle Mercier ferait passer Electre et Colomba pour des timorées. Peu loquace et mal rasé, Hossein s'inspire de Clint Eastwood et galope dans le désert d'Almeria avec conviction. L'influence spaghetti se fait ressentir et le film, qui a le mérite d'exister, est finalement assez réussi. C'est pourtant la seule tentative sérieuse d'aborder le genre. Tout de suite après, on retombe dans la pochade.

Jean Girault quitte momentanément la série des Gendarme de Saint-Tropez pour mettre en scène Le Juge, inspiré d'un album de Lucky Luke (mais sans lui !), avec Pierre Perret et Robert Hossein. En 1971, l'Espagne sert de décor aux Pétroleuses de Christian-Jaque, avec Claudia Cardinale et Brigitte Bardot. Un western joyeux, bancal, parodique mais surtout très franchouillard et revendiqué comme tel. L'action se déroule au Texas dans la ville de Bougival Junction, créée par des Français, où l'on croise des Bretonnes et des Alsaciennes en costumes traditionnels ! L'originalité du film est au moins de donner le rôle principal aux femmes, qui n'hésitent pas à piller des trains et à se battre à coup de poings. Produit la même année, Soleil Rouge de Terence Young est plus difficilement assimilable à un western français, malgré la présence d'Alain Delon, d'Henri Alekan à la photo et de Maurice Jarre à la musique. De même, si Henri Verneuil a réalisé La Bataille de San Sebastian (en s'inspirant fortement des Sept Mercenaires) en 1968, ce fut pour la MGM et avec Charles Bronson et Anthony Quinn.

Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri doit-il être pris en compte ? Tourné dans le trou des Halles de Paris en 1973 avec Michel Piccoli en Buffalo Bill et Marcello Mastroianni en Général Custer, le film est surtout un pamphlet politique, une farce qui joue avec les conventions du genre.


Les Pétroleuses (c) D.R.

La mythologie westernienne apparaît souvent dans des séquences oniriques, où les personnages s'identifient aux cow-boys solitaires, aux shérifs ou aux desperados. Dans Une Fille et des Fusils (une expression de John Ford pour désigner la recette idéale pour un film) de Claude Lelouch, des petits voyous s'inspirent du cinéma pour devenir de vrais hors-la-loi et s'imaginent se provoquant et dégainant dans un village de l'Ouest. Dans Un homme qui me plaît du même Lelouch, Jean-Paul Belmondo et Annie Girardot traversent les Etats-Unis et s'amusent à voir des Indiens à leurs trousses. L'auteur de Un homme et une femme finira par tourner un vrai western, ou selon ses dires, " une chronique véridique de l'Ouest " avec Un autre homme, une autre chance en 1977. Destins croisés de pionniers fuyant la violence pour finalement la retrouver sur leur chemin.

Depuis deux ans, Jan Kounen (Dobermann) prépare une adaptation de Blueberry , qu'il tournera au Mexique. " Si je me permets de m'attaquer à un western, a-t-il confié au Film Français (le n° du 19 mai 2000), c'est parce que les gens de cette époque étaient des immigrants européens. Ce sont en quelque sorte mes arrière-arrière-grands-parents. Je pense donc avoir une légitimité sur le genre. "

Au final, les meilleurs westerns français sont certainement ceux qui ne s'encombrent pas du folklore américain. Le Salaire de la Peur , 100 000 dollars au soleil , Les Grandes Gueules , Le Rapace , Le Ruffian , Total Western ou Le Pacte des Loups en sont la preuve.



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Blueberry
: Site du futur Blueberry de Jan Kounen
Objectif Cinéma : Jean Gabin et Sergio Leone
Objectif Cinéma: La série des Winnetou

Objectif Cinéma : Le Western français
Fernandel : Site dédié à l'acteur français