L’HISTOIRE DE METROPOLIS
Au tout début, était
Osamu Tezuka. Il est né en 1928 et il débute
sa carrière, encore adolescent, dans les années
quarante. Le titre de "Père du manga et de l'anime"
qu'on lui a attribué n'est pas usurpé. Il va,
en effet, révolutionner le média illustré
et développer l'industrie du dessin animé japonais.
Plus proche de l'estampe que de sa forme actuelle, le manga
était à l'époque un simple gag politique
ou social raconté en quelques vignettes. Tezuka va
le transformer. Pour cela, il s'inspire de la bande dessinée
américaine en introduisant des récits longs,
vivants et imagés.
|
 |
|
|
C'est ainsi qu'est née sa
première œuvre dessinée, Metropolis.
De 1947 à 1949, Tezuka délivre sur près
de 160 pages sa vision du futur. Ce manga n'est pas une
adaptation du film de Fritz Lang, réalisé
vingt ans auparavant mais plutôt un hommage. Tezuka
prétend ne l'avoir jamais vu, juste lu le scénario.
De nombreux thèmes développés dans
le film muet se retrouveront dans le manga. Car tout comme
le réalisateur allemand dans l'Europe des années
vingt, Tezuka fait face aux mêmes interrogations et
aux mêmes craintes. Le Japon sort d'une guerre qui
l'a laissé exsangue et les bombardements d'Hiroshima
et de Nagasaki sont comme deux plaies béantes à
la face du pays.
Un thème récurrent dans le discours de Tezuka
porte justement sur la technologie et sur l'utilisation
que l'homme en fait. Neutre, elle peut apporter le meilleur,
mais aussi le pire.
Ce motif sera exploité dans une série Tetsuwan
Atom (Astro boy). D'autres suivront comme Jungle
tatei (Kimba le lion blanc) ou Princess
Knight (Prince saphir) qui lui apporteront renommée
et fortune. Au début des années soixante,
il investira dans ses propres studios de création,
Mushi Productions. Comme il se doit, Atom boy, personnage
emblématique de Tezuka, ouvrira le bal et le fera
connaître au monde entier. À la fin de sa vie,
Tezuka travaille sur son manga le plus ambitieux, The
Phoenix. Récit épique qui débute
dans le Japon du IIIe siècle et se termine dans un
futur éloigné. L’œuvre s’étalera sur
douze volumes. Elle restera inachevée suite au décès
d'Osamu Tezuka survenu en février 1989. En presque
un demi-siècle, ce dernier aura réalisé
plus de 150 000 pages de manga et pas moins de 60 animes.
UNE IDEE QUI FAIT SON CHEMIN
 |
|
|
|
"Toute génération
rêve la prochaine"
nous dit en introduction Metropolis, paraphrasant
l'historien français Jules Michelet. On peut rajouter
que chaque génération s'inspire de la précédente.
Et c'est ce que Rintaro a accompli avec le Metropolis
de Tezuka.
"Dans la vie, je rêvais de relever un challenge."
confie le réalisateur. "Celui d'adapter, sous
la forme d'un long-métrage d'animation, une œuvre
de Tezuka. J'y apporterais ma touche personnelle et ma propre
expérience de plus de 40 ans, acquise notamment dans
les studios du Maître".
Car Tezuka et Rintaro se connaissent de longue date. Ce
dernier, né en 1941 à Tokyo, débute
sa carrière à la Toei Animation, au poste
d'intervalliste. En 1960, Tezuka le débauche et il
entre aux Studio Mushi tout nouvellement créés.
C'est là que Shigeyuki Hayashi va prendre le pseudonyme
de Rintaro. Il supervise l'animation de la première
série télévisée d'Astro boy,
alors en noir et blanc et collaborera à une autre
série phare de Tezuka, Jungle tatei. Ailleurs,
il réalisera d'autres animes télévisées
dont la plus connue est Space pirate Captain Harlock,
d’après l’œuvre de Leiji Matsumoto. Elle sera célèbre,
en France, sous le nom d'Albator. Élève
doué, Rintaro va multiplier les expériences,
les fonctions et va apprendre à maîtriser toutes
les étapes de la conception d'un anime.
En 1979, il dirige enfin son premier long-métrage,
Ginga Tetsudo 999 (Galaxy express 999), autre
adaptation de l'univers de Matsumoto. La consécration
arrivera en 1985, avec Kamui Ken (l'épée
de Kamui), fresque héroïque dans le japon
du XIXe siècle. Entre temps, il aura aussi dirigé
d'autres projets : Genma Taisen (Harmageddon)
en 1983 - production sur laquelle il rencontre Katsuhiro
Otomo, X d'après le manga de Clamp en 1996. etc.
|