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LA RUPTURE A LA FIN DE LA GUERRE : HOLLYWOOD STIGMATISE LE COMMUNISME

  Drapeau communiste (c) D.R.

Etats-Unis et URSS gagnent la guerre ensemble. Les conférences de Yalta et Potsdam doivent permettre de faire régner la paix en Europe. C’est cependant contraint que Roosevelt traite avec les soviétiques : en 45, il n’a toujours pas gagné contre le Japon. L’armée rouge est présente en Europe de l’Est : des élections libres sont prévues dans ces pays, mais soit elles n’auront pas lieu, soit elles seront truquées ou annulées. C’est ainsi le début de la guerre froide : le communisme s’est étendu à la moitié de l’Europe. L’ennemi des Etats Unis est dorénavant l’URSS, c’est la "menace rouge" qui pèse le "monde libre". Le globe est scindé en deux blocs, et les films américains vont évidemment refléter la situation diplomatique et géopolitique, mais aussi un certain rapport au communisme.



UNE TENSION INTERNATIONALE REFLETEE PAR LES FILMS

De nombreux films ont voulu montrer la face cachée de la guerre froide : c’est l’explosion des films d’espionnage, genre né en 1932 avec Mata-Hari du réalisateur George Fitzmaurice. Ces films reposent sur une trame souvent récurrente : des espions soviétiques tentent de voler des données scientifiques ou stratégiques américaines. Le choix scénaristique est de montrer ce qui serait caché à la population, c’est-à-dire les enjeux immenses qui se jouent à couvert et ce qui se passe souterrainement. Dans un climat où la peur d’une guerre atomique est une réalité pour le monde, Hollywood utilise une fois de plus les événements contemporains à des fins "d'entertaining".

The Quiet American (c) D.R.

Mais l’aspect économique n’est pas le seul à rentrer en compte : il faut produire des films "anti-rouges" sous peine d’être inquiété par la Commission. Tous les studios apportent leur pierre à l’édifice, avec plus ou moins d’ampleur selon les cas, mais aussi plus ou moins de réticence.

Joseph Mankiewicz avec The Quiet American (1958) choisit de montrer la lutte anti-communiste au Vietnam. Si l’inévitable trame sentimentale y tient une place importante, le film est bâti autour de la notion d’engagement. Engagement tout d’abord d’un pays dans la guerre contre la Chine communiste (depuis 1949) mais également engagement invisible des américains dans les conflits mondiaux.

Un jeune agent américain est la victime d’une machination de l’ennemi chinois. Si le rôle de Pyle n’est pas clairement défini, on sait qu’il est partisan d’une " troisième force " ni communiste, ni coloniale. Une certaine image du communisme ressort du film. L’ennemi est tout d’abord bruyant, il n’a pas de visage, les soldats chinois n’étant pas filmés en gros plan lorsqu’ils traquent Pyle et Fowler dans le marécage. Pour résumer, on ne peut pas le comprendre. C’est d’ailleurs ce qui est dit dans la tour du guet : les deux occidentaux pensent que les jeunes soldats vietnamiens ne peuvent pas saisir ce contre quoi ils se battent.

L’ennemi prend ensuite un visage dans le personnage de Heng : il manipule Fowler en état de faiblesse. L’anglais se fait alors complice du meurtre du jeune américain, pensant œuvrer, mis à part la vengeance, pour une cause juste.

  The Quiet American (c) D.R.

Développant la question de l’engagement, le film transmet l’idée que " tôt ou tard on doit prendre parti " (selon l’inspecteur Vigot.) Le réalisateur, quant à lui, montre le bien fondé de cette " troisième force ", alternative et a priori la meilleure qui soit.

S’il n’est pas un film d’espionnage à l’état pur, The Quiet American met en relief les événements en marge de la guerre froide : il n’y a pas de conflit armé entre les deux puissances mais de petits pays deviennent l’enjeu des deux blocs.