Le
Roi et l’Oiseau naît
enfin
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Treize ans plus tard, en 1967, Grimault récupère les droits
et le négatif du film. Le film sorti en 1953 étant pour lui
un faux, il décide de reprendre son film afin de le terminer
selon son projet initial. Enfin pas tout à fait, car le temps
a fait son œuvre, et Grimault a évolué, ainsi qu’il l’explique
dans une interview réalisée par Jean Pierre Pagliano :
« Le Roi et l’Oiseau que j’ai sorti longtemps après,
est à la fois le même film et un autre film. C’est la
même histoire à l’origine mais en même temps qui a bénéficié
de tout le drame qu’il a eu autour, et du fait que j’ai eu
du recul. Quand j’ai repris mes billes, d’abord je me suis
dit : je vais refaire ce film comme je voulais le faire
à l’époque. Mais c’était une connerie : de l’eau était
passée sous les ponts et je ne voulais pas faire un film rétro.(…)
C’est un peu comme un gars qui peint une toile, tant qu’il
l’a pas signée, il pense qu’il peut toujours l’améliorer. »
Mais pour mener à bien sa nouvelle entreprise, Grimault
doit trouver un financement. Les Américains et les Russes
lui font des offres qu’il refuse, car cela impliquerait de
délocaliser la production, or le réalisateur veut garder son
équipe de base sur place. Finalement, il obtient une aide
du CNC qui est complété par Robert Dorfmann et Antenne 2.
De 1977 à 1979, Grimault travaille avec une équipe réduite
minutieusement sélectionnée. Tout est déjà en place et avant
1977, Grimault avait préparé son découpage, dessiné et peint
les principaux décors des nouvelles scènes.
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Fin 1977, de nouveaux et jeunes animateurs rejoignent l’équipe
dont Philippe Leclerc qui a réalisé « Les enfants
de la pluie » film d’animation sorti en juin 2003.
Selon Grimault « le brassage des anciens et des nouveaux
s’est avéré merveilleusement harmonieux et profitable pour
le film ».
Au final, le cinéaste a coupé 20 minutes du film original
(sur 87 minutes) qui ne correspondait pas au film que Prévert
et lui avait imaginé. Aujourd’hui le film fait 87 minutes,
il a donc repris la moitié du film original mais seulement
des séquences très morcelées, ce qui a exigé un travail très
minutieux. Prévert, très malade à l’époque, continue à travailler
avec Grimault sur cette nouvelle version.
Grimault raconte : « J'allais voir Jacques le
plus souvent possible et lui apportais des images du film,
des séries de croquis, des décors et, de temps en temps, une
idée jaillissait dans la conversation. (…) Même à la fin,
se sachant très malade, ce travail était en quelque sorte
pour lui une survie, il savait qu'il ne verrait pas le film,
mais c'était une revanche qu'il prenait. Quinze jours avant
sa disparition, Jacques travaillait encore une dernière fois
avec moi. Le plan final où le Robot libère le petit oiseau
et écrase la cage a été la dernière scène sur laquelle nous
avons travaillé ensemble. »
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Au niveau scénaristique, les deux amis procèdent à des améliorations.
Ils conservent le premier scénario mais en l’enrichissant
de certaines scènes, en rajoutant des nouvelles séquences
plus spectaculaires.
Au niveau des personnages, Grimault s’est aperçu que d’autres
personnages gagneraient à prendre plus d’importance. « La
bergère et le ramoneur sont gentils, attachants, tout ce qui
leur arrive nous touche, mais c’est le conflit entre le roi
et l’oiseau qui prend progressivement la première place. C’est
d’ailleurs la raison du changement de titre. Le Roi et l’oiseau
ont pris beaucoup d’importance par rapport au film La bergère
et le ramoneur. »
Grimault et Prévert changent le titre évitant ainsi toute
confusion avec l’ancienne version et soulignant surtout le
fait que Le Roi et l’Oiseau est un nouveau film et
non une reconstitution.
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