Paul
Grimault, pionnier du cinéma d’animation à la française
Excepté pour quelques aficionados, l’œuvre de Paul Grimault
reste encore trop méconnu du grand public. Le nom de Paul
Grimault est sans doute moins familier que ses images. Pourtant,
il est le premier français (et le dernier jusqu’à la sortie
en décembre 2003 du premier long métrage du studio Folimage)
à entreprendre la création d’un long métrage d’animation en
France et à fonder avec André Sarrut une société de production
de dessin animé Les Gémeaux qui est à l’origine de
l’école française du dessin animé.
Le réalisateur sera, dés les années 1950, le défenseur d’une
certaine forme de dessin animé de moyen et long métrage de
qualité refusant les facilités de production (répétitions
de séquences, animation d’une partie seulement de l’image…)
fait pour les enfants. Paul Grimault n’a jamais prétendu
travailler « pour les enfants » avec ce que
cette attitude suppose d’autocensure et de mièvrerie.
 |
|
|
|
Comme le souligne Jean Pierre Pagliano dans son livre sur
Paul Grimault (Editions Dreamland) « les dessins animés
de Grimault me mettaient dans un état bizarre, voisin du léger
malaise provoqué par la lecture d’Alice. Comme celui de Lewis
Caroll, le pays des merveilles de Paul Grimault baigne dans
une atmosphère de rêve éveillé qui pourrait virer au cauchemar. »
Cette dimension sombre et effrayante est présente dans
Le Roi et l’Oiseau avec par exemple les cheminées habitées
par des flics à moustaches ou le Roi de Takicardie qui envoie
son entourage aux oubliettes.
Le monde de Grimault est peuplé d’êtres inquiétants et étranges
parfois cyniques et immoraux. Que ce soit un épouvantail avec
une tête de citrouille et un nez en carotte qui poursuit un
chat travesti en vamp dans L’Epouvantail (1943) ou
un voleur de paratonnerres qu’un coup de foudre dénude.
|
 |
|
|
Liberté, intégrité et intransigeance sont les principales
qualités de Grimault. Le cinéaste a toujours voulu garder
la même liberté de ton préférant changer d’activité en faisant
de la publicité graphique plutôt que d’accepter des propositions
américaines, soviétique ou japonaise.
Grimault prône donc un cinéma moins infantilisant pouvant
aussi bien s’adresser aux adultes (qui restent de grands enfants)
qu’aux enfants utilisant pour cela la force des dialogues
et un univers graphique inédit.
Pour rehausser la qualité de ses productions, Grimault mise
avant tout sur le scénario. Son ami Franju était catégorique
« le génie de Grimault est d’essence dramatique ».
Un travail de fond sur la narration prenant parfois jusqu’à
une année pour le scénario du Roi et l’Oiseau avec
la complicité de son ami Jacques Prévert. Du jamais vu en
animation à cette époque.
|