De nouveau quelques
chiffres en guise de récapitulatif :
- 36 des 60 salles parisiennes proposant
des films nouveaux la semaine du 7 au 13 août 2002 programmèrent
Men in Black II, dont 20 en v.o., soit 1 sur 3 (33,33
% ; plus 26,66 % pour la v.f., soit 60 %) ; 16 programmèrent
Mille millièmes, soit 26,66 % ; 6 Au bonheur
des hommes (10 %) ; 2 Amour, prozac et autres
curiosités ou Joe Gould’s Secret (3,33 %) ;
- en banlieue, aucun cinéma ne choisit l’un
de ces trois derniers films ; Mille millièmes
fut projeté dans 13 salles, soit 12,62 % ; Men in
Black II le fut pour sa part en v.f. dans 84 salles (81,55
%), en v.o. dans 6 salles (5,83 %).
Les pourcentages obtenus par Men in Black
II seraient bien plus considérables encore si l’on prenait
en compte le nombre de sièges plutôt que le nombre de salles,
car, comme nous l’avons déjà noté, les plus grandes lui ont
systématiquement été allouées. Il va de soi que des calculs
du même type peuvent être effectués pour d’autres blockbusters,
pour d’autres films d’auteurs ou provenant de tierces cinématographies,
comme le montrent les exemples de Matrix Reloaded,
sorti en mai 2003, Hulk (juillet 2003) et Spider-Man 2
(juillet 2004), sans même parler de Harry Potter ou
Shrek, l’âge du public principalement "ciblé"
incitant les distributeurs à sortir ces deux derniers films
prioritairement en v.f. Les chiffres donnés dans les tableaux
récapitulatifs en annexe confirment en tous points les choix
de programmation dans ce domaine observés lors de la sortie
de Men in Black II. Le cas de Matrix Reloaded
est tout particulièrement renversant, à proprement parler.
Deux fois plus de salles parisiennes le programmèrent en v.o.
(27 contre 14), alors qu’en banlieue, plus de quinze fois
plus de salles le programmèrent en v.f. (99 contre 6). Les
pourcentages sont donc assez ahurissants : un spectateur
parisien, par rapport au spectateur de banlieue, a trente
fois plus de chances de le voir en v.o. ! On notera le
même phénomène pour des films américains ne bénéficiant pas
d’autant de salles, mais malgré tout considérés comme "grand
public" : le 14 juillet 2004, Les Maîtres du
jeu est sorti en v.o. dans huit salles parisiennes, en
v.f. dans deux, alors que huit salles de banlieue l’ont programmé
en v.f., aucune en v.o.
Et voilà comment l’on peut passer pour un contempteur du cinéma
américain auprès de ses amis, alors que seul le refus de voir
des films dénaturés, y compris américains bien sûr, pourrait
donner cette impression ! Or, j’aurais aimé voir tous
les films cités en exemple ici, mais pas au point de leur
consacrer une soirée à Paris.
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Au demeurant, quand l’occasion m’en est
donnée, je suis loin d’être le dernier à en profiter. Ainsi,
l’un des dix-neuf cinémas des Yvelines programmant Spider-Man
2 en version doublée, le Cyrano à Versailles, ayant décidé
de le passer également en version originale en soirée, j’ai
pu le voir dès sa sortie, le 14 juillet 2004, avec plaisir.
La salle, presque comble, était en majorité remplie d’assez
jeunes gens (entre quinze et vingt-cinq ans). Alors qu’on
les dit d’ordinaire rétifs à la v.o., j’ai pu constater que
cela n’était aucunement une gêne pour eux, au contraire même,
puisqu’ils appréciaient certains jeux de mots, par exemple
le moment où Peter Parker, malgré ses encouragements (« I
am back ! »), échoue dans l’une de ses tentatives
pour redevenir spider-man et retombe lourdement sur son dos
(« My back ! »).
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