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  farenheit 9/11 (c) D.R.

Le même jour, dans la même ville (au Roxane), j’ai aussi pu voir en v.o. Fahrenheit 9/11, sorti la semaine précédente. Fait très rare pour un film bénéficiant d’autant de salles (69 au total le 14 juillet 2004), une très grande majorité de cinémas de banlieue ont choisi la v.o. (36, contre 5 pour la v.f.), tous les cinémas parisiens ayant pour leur part préféré la v.o. (28, aucun pour la v.f.), sans que son succès s’en ressente (salle comble et applaudissements pour la projection à laquelle j’ai assisté). Privilège d’un film palmé d’or ? Exception due au genre documentaire ? A contrario, l’autre film consacré au Monde selon Bush, auquel d’aucuns ont voulu l’opposer à son détriment, est passé en français (deux salles à Paris, aucune en banlieue le 14 juillet 2004). Rien de plus normal pour un film français ? Sauf que le film de William Karel est aussi composé, et presque exclusivement dans son cas, d’un montage d’entretiens avec des personnalités américaines, dont la voix est recouverte pour un "doubleur" français (procédé dit de la voice over). Cependant, cela n’est pas un inconvénient majeur, Le Monde selon Bush n’apportant quasiment rien au point de vue cinématographique aux éléments d’information donnés par les personnes interrogées (6), au contraire du film de Michael Moore, où le traitement du son importe (notamment par la mise en valeur des intonations, rodomontades, hésitations et autres bafouillages du Président Bush). Car, comme le conclut Serge July dans l’éditorial qu’il a choisi d’écrire lui-même pour la section « Événement » de Libération consacrée à Fahrenheit 9/11, la "critique", très favorable, étant quant à elle signée Patrick Sabatier, directeur adjoint de la rédaction, et non par un journaliste du cahier Cinéma, véritable camouflet infligé au service Culture de Libé (qui s’était mobilisé en mai pour dénoncer une palme politique décerné à cet excellent documentariste, de moins bon goût il est vrai que Marcel Ophuls, dont il reprend maints procédés), « Michael Moore est aussi un cinéaste ». Cela rend d'autant plus précieux le choix de la v.o., très largement effectué par les distributeurs français, probablement en accord avec le cinéaste, ce qui va à l'encontre de l'image d'un cynique prêt à assurer son succès à tout prix, image qu'essaie tant bien que mal de donner ses détracteurs.




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(1) AFF : ex-Service des Archives du Film.

(2) « Pratiquement », car il arrive, assez rarement, que des projections soient proposées au Centre socioculturel. Depuis trois ans, la municipalité organise, avec la collaboration des AFF, un festival annuel de cinéma, qui présente un intérêt relatif.

(3) À proprement parler, l’expression v.f. doit être réservée aux versions françaises des films réalisés en versions multiples, c’est-à-dire en plusieurs langues, ce qui a surtout été fait au début des années trente, les plus célèbres étant le fruit de co-productions franco-allemandes. Sur les versions multiples réalisées à Hollywood entre 1929 et 1935, à propos desquelles Claude Autant-Lara a écrit des souvenirs vengeurs (Hollywood Cake-Walk (1930-1932), Éditions Henri Veyrier, 1985, 408 p.), voir le livre que Martin Barnier a publié en juin 2004 chez L’Harmattan (Des films français made in Hollywood, 274 p.).

(4) « Sur le doublage de Wild Wild West », voir le reportage publié par François Justamand dans la rubrique « Hors Champs » et dans la « Gazette du doublage » d’Objectif-cinéma.

(5) Il serait à cet égard intéressant de connaître l’incidence des unes de ces deux publications sur leurs ventes. Et, par voie de conséquence, comment s’effectuent les choix de l’une et de l’autre, et plus vraisemblablement les négociations pour l’obtention du droit de reproduire telle ou telle affiche, car il est peu plausible que L’Officiel des spectacles ait choisi Mille millièmes plutôt que Men in Black II sans autre considération que l’intérêt respectif des deux films, en lui-même ou comme stimulant de vente de la publication. A contrario, le 14 juillet 2004, les deux concurrents ont chacun reproduit en couverture une affiche de Spider-Man 2, l’un des douze films sortis ce jour là, mais pas la même. Pariscope a d’ailleurs choisi de publier trois éditions différentes, avec trois affiches différentes du même film.La semaine suivante, Pariscope arborait une nouvelle affiche de Spider-Man 2 en couverture, avec en bandeau une citation de Première tout à fait adaptée : " Spider-Man 2 : 2 fois mieux ! "

(6) Il est à cet égard éloquent que l'une des très rares scènes assez puissantes cinématographiquement parlant, en tout cas émouvantes, soit l'une des seules sous-titrées : celle où un vieux sénateur harangue ses pairs pour dénoncer la politique guerrière de G.W. Bush, en gesticulant et en élevant la voix autant que sa santé vacillante le lui permet.