Objectif Cinéma : Est-ce
que le cinéma muet est une référence
pour vous ?
Darejan Omirbaev : Malheureusement,
j'ai découvert le cinéma muet sur le tard.
Je n'ai compris que récemment l'intérêt
qu'il pouvait représenter. Avant, je pensais qu'il
faisait partie dune époque révolue qui n'avait
plus d'intérêt maintenant.
Objectif Cinéma :
Dans tous vos films, les personnages
principaux sont à la fois très introvertis
et très ouverts sur le monde. Quel intérêt
portez-vous à ce paradoxe ?
Darejan Omirbaev : Je
serais heureux si j'avais pu montrer ce paradoxe. C'est
mon but. Ce qui me vient à l'esprit, c'est la symbolique
orientale, l'esprit zen : le ying et le yang. C'est peut-être
la seule et unique vérité du monde qui est
résumée par ce dessin.
Objectif Cinéma :
C'est le secret que vous essayez
d'atteindre dans vos films ?
Darejan Omirbaev : C'est
juste un essai, une tentative, je ne peux absolument pas
garantir le résultat.
Objectif Cinéma :
Mettez-vous beaucoup de temps pour
concevoir vos cadrages rigoureux ?
Darejan Omirbaev : Si
on remarque le cadrage, ce n'est pas forcément un
compliment. Je ne voudrais pas qu'on les remarque trop.
Il faut rechercher une harmonie et garder les choses à
l'échelle. Un ami peintre ma dit juste après
avoir vu Kaïrat qui n'était alors pas encore
sonorisé : j'avais l'impression que c'était
trop cadré, trop " centré " et cette
impression avait disparu une fois qu'il a vu la version
terminée avec le son.
Objectif Cinéma :
Qu'est-ce qui motive votre décision
pour dire couper quand vous tournez un plan ? Je pense par
exemple à ce plan au début de Tueur à
gages que vous ne coupez pas avant qu'une infirmière
passe dans le champ...
Darejan Omirbaev : C'est
vraiment quelque chose de physiologique. Chacun d'entre-nous
a sa propre notion du temps qui lui est familière.
Il y a d'autre part une logique propre de l'action. Dans
l'exemple que vous citez, le spectateur doit comprendre
qu'il se passe un certain temps pendant lequel mon personnage
va voir sa femme à l'hôpital. Au lieu de montrer
ces scènes-là, je préfère m'attarder,
avec ce plan qui donne la mesure du temps qui passe.