Objectif cinéma : Comment
êtes-vous venu au cinéma ?
Lou Yee : Je
suis né à Shanghai en 1965 et depuis toujours
je m'amuse à peindre et dessiner. C'est lorsque je
suis rentré à l'Université que j'ai
réellement commencé à étudier
la technique du dessin animé. D'ailleurs, j'ai ensuite
réalisé des dessins animées durant
près de trois ans. C'est ensuite que j'ai eu très
envie de faire du cinéma et pour cela je suis parti
à Pékin afin de le pratiquer.
Objectif cinéma :
En voyant " Suzhou River ",
on est frappé par la grande maîtrise formelle
du récit et le film offre à voir une double
expérience du cinéma : une histoire ressentie
comme un documentaire et un cinéma plus expérimental
où le cadre déborde, vacille. Quelles ont
été vos influences ?
Lou Yee : Les
documentaires de la télévision m'ont inspiré,
de même le cinéma de la Nouvelle Vague mais
il faut ajouter d'autres films notamment américains.
J'ai eu énormément d'influences différentes.
Objectif cinéma :
Votre film Suzhou River décrit
un scénario du désir de faire un film et l'oscillation
entre le fantasme (de la femme) et la réalité
(le monde) inscrit le film dans une dynamique du rêve
où tous les personnages semblent obéir à
une loi arbitraire, celle du narrateur en voix off. Comment
votre film s'est-il construit, au jour le jour ? Y-avait-il
un scénario à la base ? Aviez-vous des indications
précises envers vos comédiens ? Pouvaient-ils
improviser voire se ré-approprier votre film ?
Lou Yee : J'ai
voulu montrer la complète liberté de filmer,
et pour moi cela veut dire filmer caméra à
la main. Le narrateur, c'est moi. Un film commence quand
on ouvre la caméra et se finit au moment où
on l'éteint, où on ferme les yeux. Pour le
scénario, j'avais établi au préalable
une description de chaque personnage accompagné des
stades d'interactions entre chacun d'eux. En étant
plus minutieux, je peux vous dire qu'il y a eu des instants
où l'on improvisait, on décidait de poser
le texte là par exemple. Mais toutes les étapes
d'échanges, d'interactions entre les personnages
étaient déjà fixées bien auparavant.
On savait parfaitement qu'il fallait passer par là.