Objectif Cinéma :
Et le résultat aujourd'hui
: en êtes-vous satisfaite ?
Asia Argento : Oui,
j'en suis heureuse. C'est la seule chose de ma vie dont
je sois fière. Les films où je faisais l'actrice
me font très peu d'effets, y compris ceux que je
n'ai pas vus. Là, je sais que ce film est complètement
le mien. S'il est beau, je ne le dois qu'à mon mérite,
s'il est mauvais, c'est de ma faute.
Objectif Cinéma :
Etiez-vous consciente de
tous les risques encourus dans le traitement même
? Cherchiez-vous l'approbation ?
Asia Argento : C'est
trop difficile d'en discuter. Je voulais raconter une histoire.
Et il n'y a aucun message dedans. Si quelqu'un veut en voir
un, c'est son problème. Pour moi, le message est
humain, d'ailleurs chaque film est l'histoire d'une vie.
Je ne sais pas comment voir mon film. C'est tellement moi
: je n'ai aucun détachement.
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Objectif Cinéma : En
faisant Scarlet Diva, vous aviez peur, vous étiez
angoissée ?
Asia Argento : Pendant
que j'écrivais, je me sentais mal. Le stade de l'écriture
fut une période grise de ma vie. J'ai toujours eu
un problème d'agoraphobie. Sortir de chez moi est
devenu alors un très grand problème. J'étais
mal. Ce n'est pas un film heureux : j'ai pris un tas de
coups de poings au ventre. Un film dur, triste et dépressif.
Mais aussi plein d'espoir. C'est devenu une sorte de thérapie
personnelle, qui m'a guérie : je ne suis plus agoraphobe.
Je voyage, je vis, je me suis fiancée pour la première
fois de ma vie. La vie me fait rire.
Objectif Cinéma :
Grâce à l'exhibition,
vous avez trouvé une sorte de rédemption ?
Asia Argento : Oui,
dans un certain sens. Plus que d'une rédemption,
il s'agit vraiment d'exorcisme. Tout ce mal en moi, dont
je voulais me délivrer... Une vengeance aussi, contre
tous ceux qui m'ont fait souffrir.
Objectif Cinéma :
Comme le producteur qui tente
de vous... violer ?
Asia Argento : Exact.
C'est la plus grande vengeance que j'ai effectuée.
Je me demandais d'ailleurs comment me venger : le tuer,
le droguer, le filmer, puis envoyer la cassette à
sa femme Ou bien faire simplement mon film pour qu'un jour
il se voit. C'est l'unique vengeance possible.