 |
|
|
|
Objectif Cinéma : Votre
travail sur l'image est exceptionnel, quasi expérimental.
Les chromatiques ont une dimension religieuse. Vous parlez
de votre chance d'être autodidacte mais où
avez-vous appris la technique, celle sur l'élaboration
des couleurs par exemple ?
Asia Argento : C'est
une chose instinctive, qui passe par le regard que j'ai
sur le monde. Le plus souvent, le rouge, le noir et l'or
sont, en effet, des couleurs religieuses. Mes yeux voient
avec ces couleurs. Néanmoins, plus qu'une culture
cinématographique, j'ai une culture littéraire
et photographique. Scarlet Diva me semble d'ailleurs plus
un livre qu'un film.
Objectif Cinéma :
A ce propos, vous écrivez
en Italie dans une revue littéraire ? Depuis longtemps
?
Asia Argento : J'écrivais
déjà enfant. J'ai écrit de cinq à
neuf ans, avant que je ne joue. J'ai publié un recueil
de poésie et un petit roman. Il parlait du bien du
mal et s'appelait "Il Buono e il Cattivo" ("Le
Bon et le Méchant") Je trouvais fantastique
d'écrire, ou de faire des entretiens. Ecrire est
mon salut maintenant, c'est l'unique chose intime que je
fais librement, toute seule. J'ai écrit un livre
pendant l'écriture du film : "I love you Kirk".
L'histoire de deux jumeaux... les mêmes histoires
reviennent, comme une spirale.
|
 |
|
|
Objectif Cinéma :
Pour vous, tout est pornographie.
Pouvez-vous m'en dire plus ?
Asia Argento : Plutôt
que dire tout est pornographie, je préfère
dire que la réalité, surtout, est pornographique.
C'est un ghetto, un territoire vierge au cinéma,
qu'on devrait exploiter. Dans les films pornos, on fait
toujours plus attention à la pénétration
et non à une recherche de l'histoire. Tout ce que
vous voyez ici est vrai, tout s'est réellement passé
ainsi. Les acteurs ont vraiment fait l'amour. Comme cinéaste,
montrer les parties intimes ne m'intéressent pas.
Je préfère filmer les visages des acteurs
: c'est la seule vérité qui m'émeut
au cinéma.
Objectif Cinéma :
Vous montrez votre amie
faire l'amour mais pas vous. Vous avez un autre nom dans
le film : nest-ce pas un peu réducteur et contradictoire
dans votre optique exhibitionniste ?
Asia Argento : Mon
nom dans le film (Anna Batista, ndlr) est celui de ma sur,
qui n'est plus là. Elle, c'est moi : j'utilise son
nom comme une extension de moi. Je l'avais fait aussi dans
le film de mon père, Le Syndrome de Stendhal
(Dario Argento, 1997, ndlr), je lui avais demandé
de m'appeler Anna.