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Objectif Cinéma : Anna
Manni ?
Asia Argento : C'est
comme une obsession pour moi. Un prénom magique,
un miroir : tu peux le lire dans les deux sens. Puis il
y a le A tacheté de "La Lettre écarlate"
(de Nathaniel Hawthorne, ndlr). Comme le A de Adultère
avec sa capacité à elle d'aimer. C'est le
sens principal du film.
Objectif Cinéma :
Dans Le Syndrome de Stendhal
de Dario Argento, vous vous enduisez le corps de peinture.
Dans Scarlet Diva, vous vous fardez le visage, qui fond
ensuite avec vos larmes. Quel rapport avez-vous avec les
substances, la matière, voire les matériaux que vous utilisez
dans les films, en général ?
Asia Argento : Je
me rends compte qu'il existe peut-être un lien entre
ces films-là. Les personnages sont similaires. Toutes
les deux ont un mal-être. Ces femmes se replient toutes
deux sur elles-mêmes. La scène devant le miroir
est ce qu'il y a de plus pornographique : la douleur est
nue.
Objectif Cinéma :
La scène devant le
miroir ?
Asia Argento : Devant
le miroir, tu ne peux éviter ton regard. Si tu cherches
à te cacher sous un masque, le masque à un
moment tombe à terre.
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Objectif Cinéma :
Autres correspondances sur la matière,
entre les scènes de baisers, mêlés de
sang (dans Le Syndrome... comme dans Scarlet Diva),
voire même avec l'ange tatoué que vous avez
sur le ventre (autre maquillage)...
Asia Argento : Oui,
j'ai un rapport très étrange avec le maquillage,
comme avec la peinture. C'est très profond tout cela...
Je préférerai rester ignorante que d'en parler
! Je ne peux pas être la critique de mon film. En
ce sens, je suis ignorante car je fais les choses de manière
inconsciente, sans pouvoir revenir dessus par la suite.
Comme une enfant... et c'est une chance. Les dialogues du
film s'apparentent à des jets d'écriture pour
moi, la partie principale a été écrite
en une heure, une nuit, presque les yeux fermés.
Comme si une autre me le suggérait, comme si ce n'était
pas moi...
Objectif Cinéma :
Et concernant les acteurs
français, sont-ils professionnels ?
Asia Argento : Non,
aucun des acteurs du film n'est professionnel. Exceptée
l'actrice qui joue ma mère, celle qui joue mon amie
(venue du théâtre), et les acteurs incarnant
le gynécologue et le journaliste. Il s'agit d'un
choix non prémédité. Je choisis des
visages ou mes propres amis. J'ai volé leurs âmes
et leurs vies. En ce qui concerne la scène de rue
avec les acteurs français, elle a été
tournée à Rome. Ce sont des amis à
moi, qui parlent français.