Objectif Cinéma :
Il y a beaucoup d'humour dans le
film. Je pensais à Lubitsch où la femme est
toujours ironique et séductrice...
Marie-Christine Questerbert :
J'ai beaucoup pensé à
Lubitsch dans les scènes du palais royal. Je me suis
demandée comment rythmer une miniature et c'est devenu
alors un problème de cinéma. J'avais pensé
à d'autres développements plus rythmiques
sur le palais royal et je n'ai pas eu le temps de les tourner.
On voit à un moment donné dans le château,
à son arrivée, des ballets qui se rapprochent
d'Aliénor. J'en avais davantage à ce moment-là
dans le palais.
Objectif Cinéma : Je
pense aussi à un plan qui joue sur le cadre et sur
le son pour créer le comique, quand Bertrand traverse
l'écran de droite à gauche engoncé
dans son armure brinquebalante alors qu'il est sur le départ.
Marie-Christine Questerbert :
Je voulais un film d'humour. C'est
clair, tout le temps. Pour toutes les situations.
Objectif Cinéma :
Quel a été l'apport
de Danielle Dubroux au scénario ? La causticité
?
Marie-Christine Questerbert : La
causticité vient de nous deux. On est assez jumelles
sur ce plan-là.
Objectif Cinéma :
Féministes !
Marie-Christine Questerbert :
Oui, un petit peu
Objectif Cinéma : Il
y a quand même de la fierté dans ce film, énormément
de fierté des dames.
Marie-Christine Questerbert :
C'est vrai quand je dis " ce
que femme veut... ". Je n'avais pas envie d'une femme
maso. Je veux bien qu'elle retombe chaque fois à
zéro, mais j'avais envie qu'elle réussisse,
que ce soit vraiment une conquête, parce que c'est
un petit peu une femme-chevalier. Le chevalier n'est pas
là où on le croit dans ce film !
Objectif Cinéma :
C'est une guerrière !
Marie-Christine Questerbert :
Oui c'est une guerrière de
l'amour ! C'est un petit peu japonais d'ailleurs. Alors
que le jeu de Bertrand est d'être insaisissable.
Objectif Cinéma :
Aussi d'être un peu bête,
un peu macho, un peu coq !
Marie-Christine Questerbert : Oui.
Melvil a poussé les choses peut-être un petit
loin, en même temps je le comprends, il fallait qu'il
prenne un parti, il avait à se défendre. Mais
il est merveilleux parce qu'il a joué le jeu alors
qu'il aurait pu en prendre ombrage, mais il était
violemment pour. Je l'en remercie !
Objectif Cinéma :
Pour revenir à cette histoire
de rythmique, c'est là que j'ai beaucoup pensé
à Lubitsch.
Marie-Christine Questerbert :
J'étais conduite vers le cinéma
des débuts. Je me rappelais de La Princesse aux
huîtres, film muet de Lubitsch. Quand vous regardez
une miniature, vous constatez que l'ornementation se détache
du texte pour rentrer petit à petit plus précisément
dans les contours de l'image puis dans l'image. C'est de
l'ornement, on le voit sur les colonnes des chapiteaux où
on sont d'abord disposées des feuilles, ensuite des
animaux apparaissent et enfin des hommes. J'aime bien dans
les premiers films de Lubitsch, cette réflexion sur
le rapport des acteurs et de l'ornementation. C'est très
clair dans La Princesse aux huîtres où
des acteurs jouent parfois avec les motifs. Ernst Lubitsch
devait trouver un rythme alors il les faisait cavaler !
Et moi aussi dans les galeries du palais royal, j'ai utilisé
un métronome pour les déplacements afin de
trouver une rythmique.