Objectif Cinéma :
Votre film est empli de ce désespoir
de l'incommunicabilité.
Robert Guédiguian :
Je crois que sans communauté
les choses vont mal. On ne peut pas vivre seul.
Objectif Cinéma :
Comment avez-vous travaillé
avec Ariane Ascaride et Julie-Marie Parmentier pour les
scènes très dures de drogue entre la mère
et sa fille ?
Robert Guédiguian :
Il y des choses très concrètes
où il n'y a pas trente-six solutions : il faut aller
voir comment ça se passe. J'ai donc été
chez un ami médecin pour regarder comment il fait
du subutex, où comment on se fait des shoots Je ne
demande jamais à mes comédiens de faire semblant,
je travaille toujours avec eux, à reconstituer. On
ne fait pas semblant de vivre les choses. Si demain un comédien
me dit qu'il a passé deux jours à étudier
les clochards, à vivre parmi eux afin de ressentir
ce que c'est d'être un clochard, je lui dis tout de
suite au revoir. On ne travaille pas dans ces conditions,
car pendant ces deux jours, je lui dirais " tu étais
un acteur qui faisait semblant d'être un clochard
" Un acteur peut tout jouer, il observe, emprunte,
c'est une éponge. C'est le travail de réécriture,
de reconstitution qui fonde l'acteur. On ne fait pas semblant.
Objectif Cinéma :
Cest une question d'intégrité
?
Robert Guédiguian : Oui,
c'est très fort chez moi. On ne fait pas ça.
Objectif Cinéma :
La musique sublime les éléments,
elle joue davantage que dans vos précédents
films, elle passe un palier dans son esthétisation,
son rôle est plus important.
Robert Guédiguian :
Je n'ai pas l'impression d'avoir
tellement changé, car la musique est toujours importante
dans mes films. Dans son utilisation décalée
par exemple, quand je mets du Mendelssohn dans "A la
vie A la mort". Mes partis pris sont à peu près
les mêmes que d'ordinaire.