Objectif Cinéma :
D'ailleurs, à un moment donné
du film, on apprend que vous allez régulièrement
le vendredi vers 18 heures dans la même église
parisienne.
Olivier Py : Ah
ça c'est mon personnage, moi c'est un petit peu plus
irrégulier. D'abord je ne suis pas parisien.
Objectif Cinéma :
Oui mais on y croit totalement.
Olivier Py : Car
ça pourrait être vrai si j'étais parisien,
je pense que j'irais probablement au même endroit.
Mais moi j'aime beaucoup ce qu'on appelle " la messe
de campagne ", celle qui n'a vraiment aucun attrait
liturgique, aucune beauté liturgique, ces églises
avec très peu de fidèles. Sombre, noire. C'est
mon église de campagne, celle à laquelle je
tiens le plus.
Objectif Cinéma :
Vous venez de dire " personnage
" alors qu'au départ c'est un film autobiographique.
Olivier Py : Oui,
c'est un film autobiographique.
Objectif Cinéma :
Auriez-vous tordu un peu la réalité
?
Olivier Py : Mais
l'autobiographie c'est déjà une fiction. Et
puis il faut synthétiser les choses, une autobiographie
ne peut pas être exhaustive. C'est probablement un
film à la première personne, mais ce n'est
pas une autobiographie en fait.
Objectif Cinéma :
Et pourquoi ?
Olivier Py : Parce
que ma vie ne résume pas en une heure et vingt minutes.
Vous savez la différence entre la fiction et le biographique,
c'est un peu comme la différence entre l'abstraction
et le figuratif, c'est-à-dire que tout tableau est
à la fois figuratif et abstrait. Dans toute abstraction
il y a toujours quelque chose qui est représenté,
et puis dans toute figuration il y a quelque chose qui est
purement plastique. Alors fiction et biographie s'interpénètrent.
Et la thématique principale qui revient souvent,
c'est celle de la foi. Je repense à Heidegger qui
a tout changé pour moi. Mais c'est surtout la thématique
de la joie, comme l'entend Bernanos. Je ne suis pas certain
que le bonheur ne soit pas la seule sagesse. Il peut y avoir
une joie qui n'est pas liée à des causalités,
une joie sans cause. Je pense que c'est ça qu'il
faut chercher. C'est ce que je raconte souvent, au théâtre,
c'est ce que mes personnages découvrent, souvent.
Tous les auteurs qui d'une certaine manière ont aperçu
cela, m'ont importé. Les auteurs qui parlent du chaos
uniquement, des auteurs absurdes, je n'ai pas cru en eux.
Ils ne sont pas devenus mes amis.