Objectif Cinéma :
Vous vous êtes rapprochés
de certains tableaux ?
Olivier Py : Non,
pas de manière anecdotique. Mais enfin il faut avoir
quelque chose dans l'il pour pouvoir filmer.
Objectif Cinéma :
Quels sont les tableaux que vous
avez rencontrés et qui vous ont happé l'oeil
?
Olivier Py :
Cela dépend des uvres. Ce spectacle-là
(" La Joyeuse Apocalypse ", ndlr), on l'a fait
avec Pierro de la Francesca, mais pas du tout de manière
citationnelle. Cela dépend vraiment de ce que je
prépare. Il y a des moments où on est attirés
vers un poète ou bien vers un autre. Chardin a été
très important pour moi, j'ai essayé de comprendre
le " mystère Chardin ". Mon peintre préféré
est peut-être Tintoret (" Ses nombreux ouvrages
sont remarqués par leur fougue inventive, la virtuosité
maniériste des raccourcis et des éclairages
" peut-on lire dans le Petit Larousse : une définition
éclairant la personnalité de l'amateur lui-même,
ndrl). Je suis obsédé de Tintoret : moi aussi
j'aimerais bien arriver à une sorte de chrétienté
fantastique, c'est un peu ça. Pour la lumière
je pense souvent à lui, il a un rapport au noir très
particulier. On a également fait les décors
dans cette optique-là, à partir de la trouvaille
de Soulages, peints tout en noir pour qu'ils prennent la
lumière, avec des différences de grains assez
vastes, mais on n'est jamais que les uvres des autres.
Un artiste doit être inspiré, par son intimité
et par les uvres des autres. Heureusement. Une image
me donne souvent envie de faire. En fait oui, une image,
et puis je vois se déployer quelque chose, la pensée.
Mais la pensée c'est pas du tout quelque chose de
construit, de raisonnable, de théorique. C'est quelque
chose qui apparaît et qui se donne comme la vérité
et qui produit une émotion.
Objectif Cinéma :
Justement, il y a chez vous un certain
lyrisme qui transforme la pensée en sensation
Olivier Py : On
dit effectivement qu'il y a du lyrisme dans ce que je fais.
J'aimerais savoir ce que les gens entendent par-là
d'ailleurs.
Objectif Cinéma :
Ce serait cette joie sans cause
peut-être...
Olivier Py : Il
y a sûrement un dieu, oui, quand il y a du lyrisme
c'est qu'il y a un dieu.
Objectif Cinéma :
"Les yeux fermés"
est un film autobiographique.
Olivier Py : Oui.