Objectif Cinéma :
C'est un personnage négatif s'il est pris au premier
degré, car on a pourtant envie de le défendre...
Camille Japy : Les
personnages de femmes écrits par Martine (Dugowson)
sont toujours très complexes, ils ne sont pas tous
d'une seule couleur. Ils sont pleins de contradictions.
Si on regarde Jeannie au premier degré, on peut dire
qu'elle est méchante, égoïste, qu'elle
n'aime pas son enfant, mais en fait elle souffre de ne pas
avoir reçu l'amour nécessaire pour se construire,
et elle n'arrive pas à transmettre cet amour à
son enfant.
Elle souffre de ne pas pouvoir aimer son enfant comme elle
le voudrait. Quand on a saisi cette souffrance, on peut
construire après le personnage, et Martine permet
cela. Elle travaille vraiment par couches : on peut proposer
plein de choses, on travaille sur tout ce qui n'est pas
dit.
Objectif Cinéma :
Vous travaillez beaucoup en amont
du tournage ?
Camille Japy : On
a fait les essais pendant une heure et quand elle m'a choisi,
on s'est vu deux après-midi chez elle, on a regardé
chaque scène et on a échangé nos idées
en regardant chaque scène. On a tourné autour
du personnage pour essayer de lui trouver du relief et voir
tout ce qu'elle cache. Après on a fait un travail
sur les costumes, c'est la première fois d'ailleurs
que je travaille autant dessus. Pour ce personnage, trouver
comment elle est habillée peut aider pour la jouer.
Je ne m'habille pas comme elle dans la vie et porter ces
vêtements a amené tout de suite une façon
de bouger.
Objectif Cinéma : Ca
vous a fait découvrir des choses que vous ne connaissiez
pas ?
Camille Japy : Oui,
mais c'est le cas à travers chaque rôle.
Objectif Cinéma :
Sur vous-même ?
Camille Japy : Oui,
sur moi...
Objectif Cinéma : Sur
la violence que ce personnage fait subir à son enfant,
Alexandre...
Camille Japy : Oui,
oui, tout à fait. Mais je crois qu'on prend conscience
des choses après, en voyant les films faits. Plein
de choses se font inconsciemment dans le travail.