Objectif Cinéma :
Pour revenir au film lui même,
comment avez-vous abordé le travail de direction
d'acteur avec le petit Gao Xin?
Sun-Zhou : Je
ne savais pas moi même au départ comment j'allais
faire, j'étais très inquiet. Je ne savais
pas trop si j'étais apte à le faire. Le travail
d'acteur est une réponse à ce que demande
le réalisateur et il était impossible de connaître
la capacité de réponse de l'enfant.
Objectif Cinéma :
Qu'en avez vous retiré en
tant que réalisateur ? Comment avez-vous développé
le thème de l'incommunicabilité ?
Sun-Zhou : Au
départ j'étais très impressionné
par la condition de cette enfant. J'avais donc pensé
à plusieurs solutions, y compris celle de faire venir
un dessinateur qui lui aurait dessiné les scènes
les unes après les autres. Puis j'ai décidé
de communiquer avec les sentiments et jai tenu à
ce que Gong Li et l'enfant aient une relation semblable
à celle d'un fils et dune mère. Je voulais
absolument une relation vraie.
Objectif Cinéma :
Dans quelles conditions les avez-vous
fait travailler ?
Sun-Zhou : J'ai
choisi quatre enfants, et ma sélection finale s'est
faite en fonction du rapport entre l'enfant et Gong Li.
Je les ai coupés du monde pendant un mois, sans les
laisser joindre l'extérieur, sans les laisser utiliser
un téléphone, sans laisser de journalistes
venir les voir en les laissant en parfaite isolation. J'étais
toujours en retrait. En tant qu'observateur, j'ai attendu
que l'enfant se sente assez bien avec Gong Li, qu'il puisse
agir comme si c'était sa vraie mère, lui sauter
dessus, jouer avec elle. Une fois qu'ils sont arrivés
à ce point d'interaction complète, on a pu
y aller. L'enfant n'avait pas conscience de ce qu'est le
faux, il était l'innocence même. Les gens qui
l'aiment et sont en rapport avec lui, donnent tout, les
autres l'ignorent ; ils ne font pas d'efforts. Le processus
de création de ce film était de recréer
une parcelle de réalité comme on fait un faux
artistique; l'enfant ne comprenait pas et demandait : pourquoi
je dois refaire ça ? Ca ne lui était pas naturel,
il avait une certaine appréhension J'ai d'abord fait
passer Gong Li devant les caméras, en appelant l'enfant
à ses côtés pour regarder le poste de
contrôle et lui montrer que Gong Li apparaissait bien
à l'écran. Et l'enfant relevait la tête
et suivait ses mouvements. Puis j'ai envoyé l'enfant
lui même devant les caméras, je lui ai demandé
de marcher et l'ai fait suivre par les caméras, je
l'ai rappelé à mes cotés, j'ai rembobiné
et lui ai montré que tout ce qui venait de faire
était à l'écran.