Objectif Cinéma :
Il y a quand même un dénominateur
commun entre tous tes films, même si on n'a pas vu
ton premier ("Grand Bonheur").
Hervé Le Roux : C'est
un film culte ! (rires).
Objectif Cinéma :
Dans tous, il y a une idée
d'utopie, une idée du groupe...
Hervé Le Roux :
Mettre ce dénominateur commun, quelque part, ça
me gêne un peu, c'est un peu réducteur, mais
en même temps ce n'est pas faux. Ça participe
de ma manière de fonctionner, de travailler, y compris
d'envisager les films comme une sorte d'aventure collective
avec l'équipe, mais aussi du travail sur la durée
avec les comédiens, lorsque certains reviennent d'un
film à l'autre, tout ce que j'ai fait d'une manière
générale a trait au collectif. Je préfère
les sports collectifs aux sports individuels. Je préfère
le football au saut à la perche. Je ne fais pas des
livres ou de la sculpture, je fais du cinéma. Quand
dans une autre vie, j'ai écris sur le cinéma,
c'était aux "Cahiers du Cinéma"
et pas dans un quotidien, parce que c'était dans
une rédaction et qu'avec les papiers que je faisais
les gens disaient "Les Cahiers pensent que... "
et non "Hervé le Roux pense que..". Il
y a une cohérence effectivement. Après, dans
le détail, je n'ai pas le sentiment que ce soit aussi
clair dans les films. C'est vrai que plus je peux mettre
de comédiens dans un film, plus je suis content.
Cette fois-ci j'étais ravi de tourner avec Yves Alfonso
que je connais depuis douze ans. Ça fait un personnage
de plus. En a t'on impérativement besoin dans le
film ? ça peux se discuter (rires).
Objectif Cinéma :
Est-ce que le fait de mélanger
les genres, de faire référence à la
BD, au théâtre, à l'opérette,
références qui trouvent rarement leur place
dans le cinéma français, participe aussi de
cette volonté de faire un film indigne ?
Hervé Le Roux : Un
peu. Il y a des formes de burlesque qui ne sont pas très
présentes dans le cinéma français,
qui sont des choses plus anglo-saxonnes.
Objectif Cinéma :
On peut aussi trouver ça
chez Resnais.
Hervé Le Roux : Oui,
tout à fait, j'y ai pensé après. Mais
en général, ce sont des choses qu'on trouve
davantage dans des films anglais, des films de Blake Edwards
qui n'est pas considéré comme un auteur très
respectable, on trouve ça bien mais un peu kitsch.
Ce que j'aime chez lui, ce sont ces poussées de trivial,
des trucs énormes qu'il n'hésite pas à
balancer, et qui ne sont pas très convenables. Le
burlesque de toute façon n'est pas considéré
comme un genre très noble.