Objectif Cinéma :
Vous avez tourné cette scène
en combien de prises ?
René Féret :
Il n'y a eu qu'une prise où elle a pleuré.
On le ressent d'ailleurs quand on voit la scène.
Marion Held : On
s'est pris au jeu l'une et l'autre. Elle m'a donné
envie de pleurer dans cette scène. Il y a eu une
improvisation complète, contrairement au reste du
tournage. C'est aussi pour cela que la fin est différente.
On n'a jamais improvisé.
René Féret :
Non. Tout est précisé
en fonction d'un travail que je fais avec les acteurs. Pas
seulement dans ma tête avant de le faire. A partir
du moment où on met en place des choses avec les
acteurs, tout devient alors très précis.
Marion Held : Incroyablement
même !! (rires) Mais c'est formidable aussi pour des
acteurs de travailler comme ça !
Objectif Cinéma : Tourner
en DV a t-il changé votre manière de travailler
?
René Féret :
Non, pas changé. Il a facilité
ma façon de travailler. C'était moins lourd,
il y avait moins de monde sur le plateau. J'étais
à 95% avec les acteurs alors que sur un plateau 35mm,
il faut que je m'occupe de tout le monde et je ne suis avec
les acteurs qu'à 58%.
Marion Held : Cela
permettait aussi de tourner dans le décor de la maison
de Mado, un endroit très petit... On pouvait réduire
l'équipe technique au minimum et cela aidait vraiment
beaucoup...
Objectif Cinéma :
Tourner presque systématiquement
en plan-séquence était aussi un parti-pris
très fort...
René Féret :
Oui, cela renforce l'émotionnel
pour les acteurs, cela sert leur situation parce qu'il y
a une grande concentration, l'angoisse de réussir
le plan très long.
Si on découpe, on fait alors des confettis pour tout
reconstruire au montage, c'est une autre méthode
qui sert moins l'acteur... Là, ça convenait
parfaitement pour filmer les rencontres de ces deux femmes...
Marion Held : On
a souvent des scènes ensemble. Découper les
séquences aurait été moins intéressant...
René Féret : Comme
on est dans le cadre d'une reconstitution d'un réalisme
très fort, proche du documentaire, le plan-séquence
est un regard presque voyeuriste sur quelque chose qui se
passe entre deux personnes. Du coup, la caméra peut
se déplacer vraiment de cette façon-là.
On peut perdre des gens puis les retrouver, observer l'une
pendant que l'autre parle...
Marion Held : C'est
aussi ta manière spécifique de travailler...