Objectif Cinéma :
En tout cas, au départ, le
personnage de Simon est défini par son origine, son
identité ethnique et religieuse : juif ashkénaze
originaire d'Algérie. Cette particularité
entrait-elle en ligne de compte dans la construction du
personnage ? Constituait-elle une difficulté supplémentaire
?
Mathieu Demy : Pas
spécialement parce que le film n'est pas vraiment
axé là dessus non plus. C'est son background
familial mais ça aurait pu se passer dans un autre
type de famille, dans un autre type d'origine. Ce qui est
intéressant, c'est le coté déraciné,
le père joué par Maurice Bénichou est
pied noir. Ils ont bougé, ils ont changé de
pays et cela pose à Simon des problèmes d'identité
supplémentaire. En fait l'ensemble des paramètres
qui composent le personnage est assez cohérent. On
a l'impression qu'on peut connaître Simon parce qu'il
a quelque chose de familier. Il y a un coté Woody
Allen dans ce personnage qui effectivement est juif, intello
et a des problèmes d'ordre psychanalytique. Tout
cela a une couleur un peu familière.
Objectif Cinéma :
Justement, je voudrais revenir à ce rapport avec
Woody Allen, auquel on va forcément penser un peu.
Y avez vous pensé pour aborder ce rôle ?
Mathieu Demy : Oui,
j'y ai pensé parce que j'aime beaucoup. Le film peut
se revendiquer de plusieurs influences dont celle des films
de Woody Allen parce qu'il y a des thématiques en
commun. Mais je n'ai pas particulièrement pensé
à cela. Je ne pense pas que Renaud Cohen non plus.
C'est un fan de Woody Allen mais aussi un fan de Nanni Moretti,
de comédies italiennes etc.
Objectif Cinéma :
Un mot sur le coté intériorisé
de votre personnage, ce dont témoignent les scènes
de rêve ou de culpabilité. Avez vous orienté
votre interprétation vers cette notion d'intériori-sation
?
Mathieu Demy :
C'est vraiment son caractère. Il est apathique. Il
absorbe, emmagasine et à un moment, ça coince.
Effectivement il n'est pas très expansif, révolté,
dans la première partie du moins. Il est plus sur
un mode où il encaisse.
Objectif Cinéma :
Mais avez vous suivi un axe d'interprétation
au niveau de cette intériorisation ?
Mathieu Demy : Un
axe global selon lequel ça rentre et ça ne
sort pas. C'est cela le chemin des sentiments, des informations,
la manière dont il se confronte au monde. Il se protège
derrière ses lunettes, en absorbant les choses, les
gens. Cette attitude est à sens unique pendant un
certain temps jusqu'au moment où il se révolte
par rapport à son travail, sa copine etc. Tout explose.
J'ai voulu qu'il soit agité tout en restant sobre.
C'est quand même une comédie de situation et
cela ne se prêtait pas à un jeu trop appuyé,
trop expansif. Cela correspondait au caractère de
Simon et au caractère du film.