Françoise Decaux :
Edith Scob, c'est une grande dame de théâtre.
Je l'ai rencontrée dans la troupe d'Hubert Jappelle,
et j'avais craqué pour son côté théâtral,
son physique extraordinaire, sa beauté, bref pour
cette femme magnifique. J'ai donc repensé à
elle. Tout de suite, elle a dit oui. Catherine Mouchet,
c'est une autre aventure. J'ai eu beaucoup de mal pour la
prostituée parce que toutes les actrices que je voyais
faisaient quelque chose de très caricatural, très
cliché mais, le texte était comme ça,
aussi : j'étais dans une impasse. D'autant qu'à
la production, on attendait quelqu'un de plutôt comique.
Maurice Bernard, qui avait produit Thérèse
d'Alain Cavalier, n'était pas très d'accord.
En fin de compte, Catherine a lu le scénario et a
dit oui. Et je suis ravie, parce qu'elle a joué le
personnage de façon sobre et l'a finalement porté
vers autre chose, un au-delà.
Pour les hommes, les deux flics,
j'ai dû faire face à une autre difficulté,
liée au scénario. L'histoire oscille entre
le drame et le burlesque et ces deux personnages ne font
que passer. Il fallait donc deux comédiens capables
de rester en retrait, tout en étant récurrents.
Et j'ai encore pensé à deux acteurs de théâtres
que sont Michel Vuillermoz et Marc Citti.
Pour mes deux filles Au début, je voulais Carmen
Maura, une comédienne plus près de mon âge,
plus près de la cinquantaine, plutôt que Clémentine
qui a quarante-deux ans. J'ai dû faire face à
une frilosité énorme, une censure, qui n'est
pas que le fait de la télé mais qui existe
aussi au cinéma : que l'héroïne soit
une femme de quarante ans, c'est déjà dur,
alors cinquante ans maintenant, il y a Sous Le Sable
avec Charlotte Rampling, c'est vrai, mais c'est pas si simple
que ça. Et puis, surtout, il me fallait une actrice
de cinquante ans qui bouge comme une gamine, qui n'ait pas
peur de son corps. Il me fallait une comédienne très
physique, parce que le film n'est pas du tout psychologique,
c'est un film de corps. Et Clémentine, qui voulait
absolument le rôle, m'a convaincue. Mais encore fallait-il
trouver la petite Toutes les jeunes filles que je
voyais, qui avaient l'âge du personnage, toutes mignonnes,
enfin tout ça faisaient très classiques
à côté de Clémentine et son opulence,
sa générosité, même les plus
dures, les plus teigneuses ; de fait, on tombait toujours
dans un rapport de force, alors que moi je voulais que mes
personnages soient à égalité.
J'ai vu L'Ennui de Cédric
Khan, et Sophie me trottait dans la tête. Mais, Sophie
était trop vieille pour le personnage et avec son
physique ça faisait deux femmes avec des seins, des
formes et ça me paraissait un peu trop. Et quand
on les a mises à côté, j'ai trouvé
que ça allait vraiment dans l'esprit du film, quelque
chose de généreux, de physique. Elle a la
force tranquille. Elle dit rien, elle existe. C'était
un couple cocasse, décalé mais juste à
la fois.