Oui, il y a ça et en même temps, à
la fin, il y a l'eau et l'eau est un élément
important du film, il y a beaucoup d'eau dans le film.
Oui, c'est vrai, le mari va dans l'eau, lui aussi
arrête, j'avais pas vu tout ça
C'est
des choses souterraines. Si, bien sûr, la scène
de la fin, évidemment. Parce que j'ai eu du mal pour
cette scène. T'imagines bien que quand j'ai dit que
je voulais que Clémentine soit toute nue dans l'eau
et qu'elle fasse le ftus, ç'a pas été
quelque chose d'évident : le producteur attendait
de voir. Et, en même temps, je sais pas comment
mais, bon les gens qui vont détester vont tout détester
d'ailleurs
personne n'a été choqué
par cette scène. Et je pense vraiment pas que ce
soit ridicule que Clémentine se retrouve dans l'eau
dans cette position. D'autant que je trouve ça d'un
culot et d'un courage énorme, qu'une femme, je ne
dis pas une gamine, une femme accepte de montrer son corps
comme ça. Et on voit rien. On voit juste ses fesses.
Mais même ça : une femme qui montre ses fesses,
alors que c'est plus une jeune fille
et, Clémentine
est ronde, c'est un corps
je trouve ça costaud
qu'elle m'ait suivie
Et, c'est passé et je
te jure que c'est pas simple.
C'est terrible. C'est vraiment terrible,
le cinéma. Quand t'écris quelque chose, il
y a des choses que tu maîtrises, tu te dis que tu
vas faire ça comme ça, tu te poses sans arrêt
des questions, et, en fin de compte, il y a mille signes
qui passent en-dessous, qui sont des trucs enfouis au fond
de toi, et qui apparaissent sur l'écran et d'un seul
coup c'est une espèce d'impudeur
Là,
tu me parles de choses que je connais, que je sais pour
la plupart, malgré tout la façon dont tu me
parles ça me renvoie à des trucs troublants
j'ai vraiment mis des choses
enfin, tu mens pas !
tu vois ce que je veux dire ?
VENUS IN FURS
Françoise Decaux :
Figure-toi que ce manteau de fourrure
je veux dire que c'est dur de faire un film, de traduire
ses idées, d'aller jusqu'au bout parce que t'as tout
le temps des censures, des autocensures que tu te crées
aussi
et ce manteau de fourrure, ç'a été
ma bête noire. Parce que, tu vois, c'est le symbole
de cette femme. On ne sait pas trop d'où elle vient,
elle a dû vivre bien ou mal, enfin c'est trouble
et on la retrouve avec une espèce de type qu'est
plus jeune qu'elle, dans une maison sortie d'une comédie
de boulevard, une maison toute moche où elle n'a
rien à elle
Et elle est là avec ce manteau
de beauf, cette carapace qu'est laide
parce qu'il
est moche ce manteau, et elle va le traîner pendant
tout le film, jusqu'à le perdre, le récupérer
et l'abandonner complètement dans la crique.
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Moi, je voulais un manteau noir.
Et, en fin de compte, le manteau noir c'était très
beau. De plus, ça posait des problèmes de
lumière : dans les scènes de nuit, c'était
très difficile à éclairer. Alors, j'ai
pris quelque chose qui esthétiquement n'est pas beau
Mais, je me suis posé la question après coup
de savoir comment le spectateur allait tenir avec cette
horreur, c'est comme la voiture
je dois être
un peu maso, parce que je déteste l'endroit où
elle habite. Même de voir ça en images ! C'est
pourquoi je l'ai traité de façon très
réaliste et très dépouillée
: c'est elle, dans cette espèce de maison de nouveau
riche, avec son mec et sa chaîne en or, elle avec
sa pelure, et ce break
j'aurais pu prendre une voiture
plus jolie, mais c'est ça que je voulais montrer,
cette espèce d'univers que j'exècre.