Objectif Cinéma : Considérez-vous
que le cinéma vous a favorisé pour vous insérer
dans cette société?
Reza Parsa : Non,
je suis arrivé en Suède à l'âge
de 12 ans, et le processus était déjà
engagé depuis longtemps. Le cinéma peut être
un moyen d'ouvrir les yeux, de porter un regard sur la société
où l'on voit mieux les différences. Dans les
médias suédois on a beaucoup parlé
du terroriste de mon film, plus que l'histoire du petit
garçon, qui pourtant représente 50% de mon
film. Pour moi, cela montre que l'on voit ce que l'on veut
voir.
Reza Bagher : Je
suis arrivé à 17 ans, et l'école a
été un bon moyen de s'adapter à la
société suédoise, le cinéma
est arrivé plus tard.
Objectif Cinéma :
Il existe de part et d'autre une
capacité à filmer l'humiliation, les rapports
familiaux, thèmes qui se retrouvent fréquemment
dans le cinéma nordique, avez vous hérité
du cinéma d'Ingmar Bergman?
Reza Parsa : Non,
je ne pense pas que cela soit spécifique du cinéma
suédois.
Objectif Cinéma :
C'est en tout cas, une capacité
à aller droit au but, de porter un regard très
juste, tout comme dans Fucking Amal de Lukas Moodysson.
Reza Bagher :
J'ai été très impressionné par
Fucking Amal, ce film a une grande valeur pour moi
et a influencé mon travail sur Ailes de Verre.
Lukas Moodysson a réussi à unir un contenu
avec quelque chose de drôle : cela a beaucoup joué
pour moi.
Objectif Cinéma :
Le personnage du père de
Nazli est touchant dans son combat quotidien pour maintenir
son autorité, tout comme sa fille qui fait tout pour
se faire appeler Sarah... Vos films parlent d'un complexe
identitaire, non seulement sur cette population immigrée,
mais sur la population suédoise en tant que telle.
Reza Bagher : Ce
qui est tragique avec le père, c'est qu'il aime énormément
ses filles. Il vit pour elles. Sa vie est derrière
lui et il n'a finalement pas de réelles raisons de
s'insérer dans cette société. Le père
fait une dernière tentative d'insertion mais échoue,
et n'a plus rien, c'est le moment où il doit choisir
entre l'amour et les valeurs. il a décrit l'homme
idéal à ses filles, mais cela ne correspond
pas du tout à leur vision. Et finalement, il gagne
à la fin car il choisit l'amour.
Objectif Cinéma :
Votre cinéma est très
vivant, la caméra bouge beaucoup, vos films sont
très éloignés des films de Kiarostami
et de Makmalbahf... Quelles ont été les motivations
de cette venue en Suède ?
Reza Parsa : Je
ne sens pas d'influences d'Iran, je n'en ai pas vu beaucoup.
Mes influences sont plus à chercher dans la poésie
de Kieslowski et le réalisme de Bo Widberg.
Reza Bagher : J'ai
vu pas mal de films iraniens. Je les porte en moi, ils m'influencent,
mais j'aurai du mal à dire comment.
Reza Parsa : Le
réalisme du cinéma iranien, à savoir
tourner avec des comédiens amateurs, est un défi
que j'aimerai relever.