Objectif Cinéma :
Y a t-il eu un travail spécifique
quant à la direction d'acteur?
Reza Parsa :
Il y a eu un très long casting, j'ai vu près
de 2000 enfants avant de trouver le petit garçon;
et près de 400-500 adultes pour le rôle des
parents. cela constitue 80% du travail que de trouver vraiment
les personnes avec qui le courant passe. On a trouvé
un suédois pour jouer l'immigré, ce qui n'était
pas chose facile. Ensuite c'est beaucoup de répétitions,
car 99% des acteurs suédois sont issus du théâtre.
Le temps de ces répétitions permet un très
important travail de réécriture.
Reza Bagher : ce
fut la même chose pour moi, car la personne peut physiquement
correspondre, mais il faut ensuite qu'on puisse s'entendre
en ce qui concerne le travail sur le plateau.
Objectif Cinéma :
Comment préserver cette vivacité,
malgré tout ce travail préparatoire ?
Reza Parsa : On
a écrit près de 3 long métrages, il
y a beaucoup de matériel qui resservira dans mes
futurs films, et ce n'est seulement après 2 ans d'écriture
que le film ressemblait à ce qu'il est à présent.
Mon premier scénario était mauvais, et c'est
à partir du deuxième scénario, qui
ressemblait très peu au film, que j'ai pu alors faire
vivre cette histoire.
Objectif Cinéma :
Quelles ont été vos
motivations pour venir en Suède ? Et pourquoi
la Suède ?
Reza Parsa : Dans
mon cas, mes parents avait des amis en Suède qui
nous avaient proposé plusieurs fois de venir, quitte
à rester plusieurs années pour pouvoir suivre
des études et puis repartir. Après la révolution,
on a considéré que c'était une bonne
idée. 5 jours après notre arrivée la
guerre a éclaté entre l'Iran et l'Irak.
Reza Bagher : Effectivement,
la classe moyenne envoyait leurs enfants pour être
médecin ou ingénieur en Europe. On m'a envoyé
à Munich où je suis tombé amoureux
d'une suédoise, du moins le croyais je.
Objectif Cinéma :
L'immigration est un sujet sensible,
comment vos films ont-ils été perçus
en Suède ?
Reza Parsa : Les
critiques furent très bonnes, et le film a été
très bien reçu dans les festivals, mais le
public suédois n'a pas suivi. Ce qui s'explique du
fait que ce ne soit pas une comédie, et que la distribution
en Suède est littéralement catastrophique.
Tous les films qui ont marché en Suède ces
dernières années sont ceux de chez Memphis
Films.
Reza Bagher : Je
ne me plains pas, le film a fait 200 000 entrées
en Suède, ce qui est beaucoup pour un film sérieux.
La distribution a mieux fonctionné que pour Avant
la tempête mais ce n'a pas été excellent.
Le film a quand même été présenté
en Suède comme une histoire d'amour entre une fille
et un garçon On a voulu cacher le véritable
sujet. La bande annonce a été une des pires
que les gens n'aient jamais vu.
Objectif Cinéma :
Quels ont été les
problèmes de fond auquel vous avez été
confronté avec vos films ?
Reza Bagher : L'affiche
du film ressemble à Top Gun, ce n'est pas
du tout représentatif du film ! On essaie de montrer
un beau garçon pour que les filles aillent voir le
film. Ils n'ont pas été courageux, ils n'ont
pas osé dire que c'était un film sur l'immigration
réalisé par un immigré. Quand on compare
avec Yalla Yalla de Josef Farres qui s'est tout de
suite présenté comme un film sur l'immigration,
ça a marché.