Objectif Cinéma :
Il ne reste vraiment aucune trace,
des dessins de story-board par exemple
Jean-Jacques Beineix : Non,
uniquement le scénario. J'avais tourné beaucoup
de scènes dans le port de Marseille, des plans assez
gonflés pour l'époque, comme Gérard
Depardieu, le visage coupé en deux, on n'avait pas
osé les monter à l'époque
Quand
j'ai fait 37°2, j'ai pris mes précautions pour
que tout soit gardé. Ce fut la même chose pour
Roselyne et les lions. C'est un film qui ne ressemblait
à rien. On vante souvent les rapports producteur-réalisateur
mais les producteurs avec qui j'ai travaillé savaient
encore beaucoup moins que moi ce qu'il fallait faire. Vous
vous retrouvez à vous poser la question, " qu'est-ce
que je coupe, qu'est-ce que je garde ? " ou vous allez
vers une certaine efficacité, ou du moins ce que
vous croyez être une certaine efficacité à
un moment donné. J'ai tout de suite pensé
qu'il fallait monter la version intégrale. Le film
n'avait pas été un énorme succès,
il venait juste derrière 37°2, le public s'attendait
peut-être à un film un peu plus " chaud
". C'est une histoire beaucoup moins sexuelle que 37°2.
Objectif Cinéma :
C'est même un peu l'inverse
puisque 37°2 plaçait les personnages dans un
engrenage d'échec alors que Thierry et Roselyne sont
dans une dynamique de réussite.
Jean-Jacques Beineix : C'est
un success story d'une certaine manière : on imagine
facilement le film qu'on aurait pu faire à Hollywood.
On part de rien, on fait la route, on se rencontre, on est
chassé du zoo, on part sur la route, un certain nombre
d'aventures vous arrive, et puis finalement on est engagé
dans un grand établissement de spectacle et là,
il faut s'imposer à la dure.
Objectif Cinéma : Le
film pourrait d'ailleurs fonctionner aux Etats-Unis. Je
crois qu'il va enfin sortir là-bas ?
Jean-Jacques Beineix : J'espère.
Par rapport aux Etats-Unis, je n'ai plus aucune illusion.
C'est un pays sur lequel je n'ai plus du tout d'illusions.
C'est assez étrange. C'est un pays dans lequel je
vais souvent, mais c'est un pays qui me semble de plus en
plus étranger, et dans le même temps, je sais
que mes films plaisent. Mais le système de distribution
fait que je n'émettrais absolument aucune hypothèse.
Le film a gagné un prix, ce n'est pas pour autant
qu'il a été distribué.