Objectif
Cinéma : Il avait bien
marché en Chine ?
Jean-Jacques Beineix : Oui.
C'est plus explicable d'abord parce qu'il n'y a aucune scène
scabreuse pour la censure, puis le cirque en Chine reste
un grand spectacle populaire.
J'avais appelé Patrick Brion
à France 3, parce que je m'étonnais que mon
film IP5 ne soit pas encore passé sur une chaîne
en clair. Je voulais en avoir le cur net et savoir
pourquoi il n'avait pas été acheté.
Il m'a répondu qu'il ne l'avais jamais programmé
parce qu'il n'avait pas une passion pour ce film. Au moins
c'était clair. Je lui ai parlé de mon désir
de faire la version intégrale de Roselyne et les
lions. Il m'a répondu alors qu'il aimait beaucoup
le film
Objectif Cinéma :
C'était quand ?
Jean-Jacques Beineix : Il
y a huit ans. Il a fallu tout ce temps pour convaincre Gaumont,
qui ne voulait pas faire ce travail. Pour eux, faire un
film avec moi, dans l'état d'esprit d'un certain
nombre de leurs " agents de liaison ", c'est "
aller vers des emmerdes " : c'est comme ça qu'on
est perçu quand on est un artiste loyal sincère,
motivé et perfectionniste.
Objectif Cinéma :
Vous filmez le pouvoir dans le film
avec un mélange de fascination et de méfiance
Jean-Jacques Beineix : C'est
un rapport très ancien : les relations entre l'Art
et le pouvoir sont constantes dans l'histoire. Léonard
de Vinci, Michel-Ange, Goya, Wagner, Molière
Objectif Cinéma :
Des scènes évoquent
ce compromis dans Roselyne, quand le patron du cirque façonne
son image de future star
Jean-Jacques Beineix : C'est
la vedette, cette attitude provoque la jalousie de Thierry.
C'est l'univers du spectacle. Le spectacle amène
un certain pouvoir. Plusieurs artistes sont tentés
d'échanger leur mentalité contre le pouvoir,
beaucoup d'hommes de pouvoir cherchent à garder la
notoriété. C'est un tandem très pervers
et ambigu.