Objectif Cinéma : Par
rapport à Roselyne et les lions, c'est tout de même
assez frustrant que le film soit diffusé directement
à la télévision
Jean-Jacques Beineix : Oui
mais il ne faut pas s'étonner : ce n'est pas Gaumont
qui a mis de l'argent, c'est France 3 ! C'est une version
pour la télévision. C'est alors qu'on se dit
que le cinéma est malade, c'est la concrétisation
de ce malaise.
Objectif Cinéma :
Existe-t-il une copie 35 mm de cette
nouvelle version ?
Jean-Jacques Beineix : Oui.
Il a été conformé parce qu'ils se disent
quand même à Gaumont qu'ils pourront le revendre
à l'étranger.
Objectif Cinéma :
Et s'il ne ressort pas en salles
en France, c'est uniquement parce qu'il n'avait pas marché
en salles à l'époque de sa sortie ?
Jean-Jacques Beineix : Il
faut leur demander. Je ne comprends pas leur logique. C'est
en fait la logique de la télévision, qui remplace
la salle d'une certaine manière. J'ai découvert
avec stupéfaction il y a quelques semaines que Mortel
Transfert n'avait pas l'estampille " art et essai ".
Ce film ne peut pas passer dans les salles art et essai.
Je demande au Président de cette association si ce
n'est pas une erreur, ça l'étonne lui aussi.
Je demande de repasser devant la commission. Sur cent personnes,
70 contre, 30 pour. Je m'estime donc chassé du cinéma
français. Pour un film qui a été fait
par un producteur indépendant, qui a mis son argent
en risque -ce que plus personne ne fait ! S'il faut aller
baiser les doigts, les mains, les pieds de ces mecs là,
il ne faut pas compter sur moi. Je changerai de registre.
C'est très chic de dire dans les dîners qu'on
a dépensé 50 millions. Mais dire qu'on a foutu
quinze millions de sa poche, quelle impudeur ! ! Bon, allez,
tournons la page !
Objectif Cinéma : Envisagez-vous
une sortie de IP5 et de Roselyne et les lions en dvd ?
Jean-Jacques Beineix : Il
faut reconnaître qu'il n'y a plus de distributeurs
français en vidéo. Il n'y a pas de quoi être
joyeux. Je ne revendique pas du tout le dvd de Diva, je
déconseille même de l'acheter. Je ne le cautionne
pas, je ne l'ai pas supervisé, et quand on voit cela,
on se dit que les détracteurs d'Universal n'ont pas
forcément tort. Je me suis occupé personnellement
de 37°2 et de Mortel Transfert, et c'est pour cela qu'ils
sont de bonne qualité. Il y a des making of, des
plans supplémentaires, des explications, des interviews,
et on aurait pu en mettre beaucoup plus, mais c'est parce
qu'on a été contingenté par rapport
au prix de revient ! Ils se basent sur le nombre d'entrées
du film. Mais ils se sont trompés, car on voit bien
que le film a une longévité plus grande que
celle que l'on pensait.