Objectif Cinéma : Combien
coûte la production d'un court métrage ?
Frank Beauvais : Tout
dépend du format du film, s'il est tourné
en 8mm, 16mm, ou 35mm. Partons sur une base de 16 ou 35mm
avec une équipe non rémunérée,
le film peut se faire aux alentours de 150 000- 200 000
frs, mais tout dépend de ce que le film nécessite
comme décors, comme nombres de comédiens,
comme appareillages techniques, chaque film est un cas précis.
C'est sûr qu'en dessous de 150 000 frs, c'est difficile.
Objectif Cinéma : Peux-tu
pour prendre un exemple me raconter le parcours qu'à
suivi ton court métrage "Le grain et l'ivraie"
?
Frank Beauvais : Ce
n'est pas un bon exemple, il a un parcours un peu atypique.
C'est un film tourné en super 16, en 8 jours, avec
une équipe normale d'une vingtaine de personnes sur
la région de Strasbourg.
Objectif Cinéma :
En ce qui concerne ton équipe
technique, tu étais passé par l'ANPE du spectacle
ou tu l'as fait avec des connaissances ?
Frank Beauvais : C'est
un projet que je n'avais pas initié. A la base, un
jeune producteur strasbourgeois (Ribambelle Production)
avait décidé de faire une trilogie de courts
métrages autour des rapports familiaux. Il voulait
relancer la fiction en Région, ce qui était
assez rare. Il a produit un film réalisé par
Gabriel Frank l'année précédente du
mien sur les rapports frères-soeurs Il ma demandé
en tant que scénariste de m'occuper de l'épisode
père-fils. Une fois le film écrit, il ma demandé
de le réaliser. Le film a suivi ensuite le chemin
traditionnel. Il est passé au CNC en plénière,
finalement le CNC a décidé de ne pas lui attribuer
de subventions, il a été alors proposé
à la région et à la ville, qui ont
accepté de le soutenir. Ils ont investi 130 000 frs
et on est parti dans cette aventure avec des techniciens
rencontrés lors de rencontres professionnelles qui
ont décidé de s'investir bénévolement,
tout comme les comédiens. Puis une fois que le film
fut fini, il restait peu d'argent, pour la post-production.
On est parti le faire développer en Grèce,
dans un laboratoire pas cher, et le laboratoire a cafouillé.
Encore une fois, comme il n'y avait plus d'argent, impossible
de retourner des scènes. Je me suis opposé
avec le producteur sur l'idée de monter un film incomplet
à la base, il y a eu une grande période de
silence et un jour j'ai appris que le film avait été
monté sans mon accord, et qu'une copie bêta
existait, déposé à la ville. Et j'ai
pu alors voir " mon " film, qui était passé
entre les mains de beaucoup d'autres personnes.