Objectif Cinéma : Dans
le cas de " De l'histoire ancienne " comment cela
s'est-il passé? Quelles ont été les
dispositions prises pour ce film ?
Nathalie Mesuret : On
a tourné " De l'histoire ancienne" avec
neuf millions... On a donc demandé à la production,
aux techniciens, aux comédiens et au réalisateur,
de faire des sacrifices financiers assez exceptionnels.
On a tourné en super 16 par souci d'économie,
les techniciens ont consenti des efforts de l'ordre de 35%
par rapport au minimum syndical, les comédiens second
rôles ont accepté de n'être payés
qu'au minimum syndical (2000 francs par jour). On a demandé
aux fournisseurs une remise importante, que ce soit pour
la location du matériel, pour les travaux de laboratoires,
pour la location du banc de montage. Le réalisateur
est très peu payé et la production se paye
en dernier.
Objectif Cinéma : Comment
se décomposent les aides?
Nathalie Mesuret : Tout
d'abord il faut trouver de l'argent pour l'écriture.
C'est une tâche compliquée, car il y a très
peu de guichets pour obtenir de l'argent à ce niveau
là. On a quand même obtenu l'aide au développement
du CNC, puis 50 000 francs de la région centre (Atelier
de production Centre Val de Loire). Ensuite on a présenté
le scénario à l'Avance sur recette qu'on a
eue du premier coup : c'était vraiment la pierre
angulaire du financement. La région Centre nous a
ensuite accordé une aide à la production de
400 000 francs, puis on a enfin obtenu, après avoir
attendu très longtemps, un financement d'Arte France,
puis Canal +, la Procirep et les SOFICAS. Le coût
réel du film est de 13,5 millions.
Objectif Cinéma : Comment
s'établit l'essor de Sunday Morning productions ?
Nathalie Mesuret : On
n'est pas les seuls dans ce type de développement...
Comme d'autres producteurs de notre génération,
nous avons suivi le mode de développement de Lazennec
Productions, c'est à dire produire des courts métrages
pour faire nos armes au niveau de la production, découvrir
des réalisateurs eux-aussi débutants, pour
qui le court métrage était vraiment une étape
pour aller vers le long métrage. Produire ces films
obligeait les réalisateurs à se confronter
à des réalités auxquelles ils devraient
faire face sur un futur long métrage : la direction
d'acteurs, la durée de la narration, la durée
d'un tournage, les relations avec une équipe technique,
gérer les heures supplémentaires. Quand on
arrive à produire des moyens métrages qui
font plus de 50 minutes, comme "La beauté du
monde" d'Yves Caumon, c'est déjà un (petit)
long métrage ! Nous avons noué des liens avec
des réalisateurs pour qui le court métrage
était une manière de trouver un style, une
identité, avant d'aborder le long métrage.