Objectif Cinéma : Est-ce
qu'il y a place pour une critique ou une auto-critique de
vos projets au sein de Sérénade ?
Bénédicte Mellac
: Une critique constructive,
en amont. Il y a un travail de critique de production sur
le scénario, le montage, le casting. Mais il y a
notre travail de producteur : aider l'écriture et
la réalisation du film en général,
à tous points de vue. Certains réalisateurs
arrivent plus ou moins bien à transmettre leur point
de vue sur les films des autres.
Vincent Dietschy : La
critique se fait davantage à travers les autres films
: un film répond plus à un film qu'un discours
à un film. J'aime le fait d'avoir travaillé
ensemble au début, qui permet de continuer à
profiter du travail des autres d'une façon très
intime : j'ai fait une critique du film de Laurent (les
sanguinaires, ndlr), je lui en ai parlé, tout en
sachant que son expérience de réalisation
me profite.
Objectif Cinéma :
Tourner dans une économie
de moyens revient-il à travailler beaucoup en amont
du film, par des lectures collectives, des répétitions,
etc... ?
Bénédicte Mellac
: Non. Si on avait plus d'argent,
il faudrait faire le même travail sauf qu'on aurait
plus de moyens pour travailler. C'est une volonté
générale qui ne dépend pas du financement.
Vincent Dietschy : La
question est assez bonne dans le sens où si on pense
à Pialat qui fait à peu près le même
travail mais lors du tournage.
Bénédicte Mellac
: Il tourne ses répétitions
et personne ne s'en rend compte ! Avec un bon financement,
le film de Vincent pouvait avoir un tournage de 12 semaines,
avec autant de personnages, sans répétitions,
en tournant en 35mm...
Vincent Dietschy : Mais
je serais alors mal à l'aise : politiquement je serais
gêné. De devoir intégrer dans le film
1/50ème de ce qui est tourné me gênerait.
En même temps, chez Pialat, il y a des choses magiques
qui sont liées à cela : une vérité
très forte se dégage, parce qu'il a la possibilité
de tout tourner, de tout répéter, et l'exigence
de le faire.
Objectif Cinéma : Petite
nouveauté dans la production de ce film, et dans
le système de financement des films en général,
c'est le co financement du film par TPS...
Bénédicte Mellac
: Ils sont intervenus en financement,
sur les rushes, comme presque tous les intervenants. Certains
sont arrivés plus tard, quand le film était
en copie travail, et même complètement terminé.
Je pensais à tort que l'arrivée de TPS allait
créer un climat de concurrence. Canal + est trop
fort. Je ne sais pas si l'arrivée de TPS peut nous
apporter quelque chose, à nous, producteurs. Ce n'est
pas possible de les déstabiliser. Ce qui est exceptionnel
dans la production de ce film, c'est de retrouver C+ et
TPS au générique. C'est peut-être le
premier et le dernier film les faire figurer ensemble dans
la production d'un film. C'est expérimental !