Objectif Cinéma :
La France constitue un marché
porteur pour le Japon, pourtant les sorties restent peu
nombreuses en comparaison du nombre de films réalisés.
Quelle en est la cause ?
Stephen Sarrazin : Le
pouvoir de la presse spécialisée joue un rôle
décisif lors de la couverture de festivals (en général
la seule occasion de découvrir ces films; peu se
rendent sur place...). Celle-ci est exposée à
un nombre restreint de réalisateurs. Par ailleurs
les distributeurs doivent s'appuyer sur un relais presse
lors de la sortie de films étrangers. Situation délicate
qui ne favorise guère l'élargissement de la
scène japonaise, toujours fondée en France
sur la figure du réalisateur. D'autre part, je reviens
au problème des attentes financières des producteurs
Japonais. Pour les petites sociétés de production
(celles qui soutiennent les jeunes talents), les frais de
copies sous titrées représentent un investissement
important; elles le font donc généralement
selon les festivals auxquels elles espèrent participer.
La plupart des sociétés de production au Japon
oublient d'inclure ces frais de sous-titres dans le budget
du film ( les budgets sont souvent dérisoires).
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Objectif Cinéma : Comment
expliquez-vous que l'on accorde des sommes aussi modiques
pour ces films, alors que leur sortie en vidéo, leur
succès à l'étranger rapportent tout
de même de l'argent ?
Stephen Sarrazin : Dans
le cas du nouveau cinéma japonais, excepté
Kitano, les sorties en salle constituent un effet de vitrine.
Au-delà des pays qui entretiennent encore une véritable
culture de la cinéphilie, comme en France, le véritable
marché étranger pour ces films est celui des
éditions dvd/vhs, le marché des collecteurs,
et pour l'avenir, je l'espère, celui des chaînes
cinéma sur le câble et satellite.
Objectif Cinéma :
Les réalisateurs japonais,
dans un souci de prospérité, cherchent-ils
à plaire à l'Occident, à l'instar du
succès que connaît Kitano ?
Stephen Sarrazin :
Il est indéniable que le succès de Kitano
a ouvert la porte à une redécouverte du Japon,
et a encouragé ces nouveaux cinéastes à
vouloir exporter leurs films à l'étranger,
car en général, le public outre-mer est plus
favorable à ces films que ne l'est le public japonais.
Quant à la prospérité, elle tient surtout
au fait qu'un succès a l'étranger facilitera
la production de leurs prochains films. Mais l'économie
de production du cinéma au Japon demeure modeste
lorsqu'on la compare aux budgets d'autres pays, y compris
la France.