Tom Dercourt : Ils
sont allés au plus efficace. Le film s'est tourné
sur quatre ans. Hormis la couleur des cheveux de la mère,
peu de choses peuvent te faire penser que les différentes
scènes n'ont pas été tournées
au même moment. C'est assez fort d'avoir respecté
une même esthétique sur quatre ans. Ils savaient
que chaque plan, avec seulement trois spots dont un sur
la caméra, amplifierait un expressionnisme, sans
pour autant être hermétique. Et puis le noir
et blanc est finalement un peu plus simple à travailler
que la couleur. Il s'agit plus de jouer sur les contrastes,
les densités de lumière, moins sur la colorimétrie
et les raccords.
Objectif Cinéma : Comment
s'est organisé le financement ?
Tom Dercourt : Quand
je les ai rencontrés, c'était amical, je voyais
des trucs à eux, ils voyaient des trucs à
moi, on était en contact, ils me montraient des bouts
de montage. A l'époque je travaillais sur Les Cachetonneurs,
Lise et André, Le Déménagement.
Objectif Cinéma :
Concrètement, à quelle
hauteur as-tu financé le film ?
Tom Dercourt : Au
début mon investissement a porté sur l'écriture
avec un scénariste, jusqu'au montage image et montage
son en maquette. Le son est un travail très long
et important sur le film. Les personnages ne parlent pas.
Il fallait refaire tout les bruitages chez nous avec un
ProTools maison : un petit micro dans notre cuisine. A partir
des images et de la maquette son, je l'ai vendu à
Canal +.
Objectif Cinéma :
Sur cette période de quatre
ans à quel moment es-tu arrivé ?
Tom Dercourt : Je
suis arrivé à un moment où j'ai dit
: " si j'entre maintenant dans la production du film,
on arrête le tournage " : il était évident
que je n'allais pas trouver d'argent avec autant de matière
(six heures de rushes, une ou deux prises par plan). Il
fallait impérativement travailler sur l'écriture
et sur le montage. On a regardé le dernier tournage
en date, et j'ai donc accepté de les produire à
condition de partir de ce qui existait et de retravailler
le scénario.